Les cas de dopage qui sont mis au jour nous ramènent à notre besoin de sensationnalisme, mais aussi au besoin de reconnaissance des athlètes. Briller pour émerger est le leitmotiv des coureurs, sans quoi la reconnaissance de leur mérite n’arrivera jamais. Et pourtant, est-il vraiment impossible de faire évoluer les mentalités et de revenir à une pratique sportive plus saine ?
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Le dopage, une pratique récente ? Non, répond l’Histoire.
L’Homme a toujours cherché à améliorer ses capacités physiques par le biais d’utilisations de substances variées. Déjà lors des Jeux Olympiques antiques, les concurrents ingéraient de la viande en grande quantité afin de favoriser des conditions optimales pour gagner. La pratique a ensuite été interdite et les sportifs risquaient des sanctions lourdes. Depuis les Jeux modernes, les injections de produits dopants sont monnaie courante.
Le cyclisme n’échappe pas à la règle et pousse même les fabricants de produits dopants à surpasser les limites de leur imagination pour créer des substances quasiment indétectables ou micro-dosées. Durant les années 1930, la pratique de l’inhalation d’oxygène visait à galvaniser les sportifs et à développer leurs possibilités. Puis dès les années 1950, les produits dopants ont commencé à utiliser des hormones synthétiques. Les beaux jours du dopage ont vu le jour et en particulier dans le monde du vélo.
Le dopage évolue-t-il ?
C’est l’une des problématiques les plus importantes des pratiques dopantes : elles sont en constante évolution. Un produit est détectable ? Il est quasiment aussitôt remplacé par une nouvelle substance inconnue des services de lutte contre le dopage. La pratique ne cesse de se modifier, car elle doit déjouer les nouvelles techniques de détection de produits dopants. Les fabricants font montre de véritables capacités d’innovation et d’imagination dans les pratiques encore non décrétées comme illicites, il s’agit alors de flirter avec les limites.
Saviez-vous que les politiques de contrôle dans le cyclisme sont les plus coûteuses du monde du sport ?
Des techniques de plus en plus élaborées
Les méthodes dopantes utilisent toutes les ressources possibles pour booster les capacités des sportifs. On cherche à :
- transformer la morphologie en axant le travail sur l’augmentation de la puissance musculaire, ou le développement de la force en utilisant des hormones.
- mieux oxygéner le corps par le biais de produits comme le salbutamol (utilisé pour les crises d’asthme) par exemple. Plus de 70% des sportifs auraient des problèmes d’asthme alors… L’oxygénation est aussi obtenue par l’EPO (érythropoïétine) qui vise à apporter plus d’oxygène aux muscles en stimulant la production des globules rouges.
- réduire les douleurs avec de puissants narcotiques.
- réduire la sensation de fatigue en se basant sur le pouvoir euphorisant d’antalgiques ou de l’insuline.
Des pratiques dopantes très nocives pour l’organisme
Que penser de la pratique très récurrente en cyclisme de la transfusion sanguine ? C’est une pratique vraiment extrême qui ne semble pourtant pas rebuter ceux qui l’utilisent. Avec cette technique de dopage, il s’agit de se réinjecter son propre sang, qui aura été au préalable prélevé après une pratique intensive du cyclisme en haute altitude ou après utilisation de produits dopants. Mais la transfusion est aussi réalisée via l’hétérotransfusion : le sang d’un donneur (dopé) qui possède les mêmes caractéristiques sanguines que le coureur cycliste est injecté au sportif.
Mettre fin au dopage ?
Est-ce une volonté qui peut être mise en place dans notre réalité ? L’Homme a toujours cherché à montrer sa valeur, à se dépasser pour briller et à finir sur un podium. Il s’agit d’un réel besoin d’être aimé et d’admiration. On touche ici à l’ego de l’Homme qui a tendance à n’exister qu’au travers du prisme de la gloire et du culte de la performance. On accepte les risques pour atteindre un but éphémère.
Quand les cyclistes ont atteint le but de leur carrière, être le meilleur, qu’advient-il des substances qu’ils auront ingérées ou reçues ? Gagner à tout prix, même s’il faut tricher est l’une des nouvelles composantes de notre société. Tout nous y pousse, en dépit de l’aspect immoral et dangereux. Les réseaux sociaux nous aident à transformer notre apparence ou à ne sélectionner que le meilleur de notre vie pour que les autres puissent l’admirer. Et nos côtés sombres, nos failles ou nos peurs ? Elles restent enfouies, car elles ne sont pas vendeuses et ne renvoient pas une image positive de nous. Les produits dopants sont basés sur les mêmes principes que nos techniques de maquillage, que nos chirurgies plastiques ou que notre besoin d’être toujours parfait.
Attendre un spectacle et soupçonner son voisin
La fin du dopage n’est pas à l’ordre du jour, car les spectateurs sont friands d’un spectacle toujours plus grandiose. Les sportifs se sentent obligés de repousser leurs limites afin de démontrer leur valeur. Il ne s’agit pas d’être bon, mais toujours le meilleur.
De plus, les cyclistes ont tendance à penser que tous les autres cyclistes se dopent : par conséquent, pour atteindre le même niveau ou pour dépasser les concurrents, il faut se doper. En soupçonnant les autres de dopage, on développe son propre besoin en la matière.
La stimulation transcrânienne ou le dopage cérébral
Dopage ou simple stimulation ? C’est tout l’art de détourner cette pratique pour stimuler artificiellement les capacités d’un cycliste. La Team Sky utilise la TCS (Transcranial Direct Current Stimulation) et ne s’en cache pas. Il s’agit d’une stimulation transcrânienne à l’aide d’un courant continu. Elle est expérimentée depuis 1960 et vise à favoriser une meilleure endurance et plus de réactivité en stimulant certaines zones du cerveau. Les effets néfastes ne sont pas encore prouvés, cette technique n’est donc pas (encore) considérée comme du dopage. Pourtant, elle amène à surmonter le moment fatidique où le cerveau transmet l’information au corps d’arrêter l’exercice et de se reposer. Elle retarde l’émission de signaux d’alerte, la douleur, afin de poursuivre l’entraînement… faisant au passage fi du respect des besoins du corps.
Donner sa vie pour le travail : voilà bien l’idée principale qu’il faut accepter pour réussir dans le cyclisme professionnel. C’est ce qu’ont décidé Lance Armstrong, Tom Simpson ou encore Ullrich pour gérer leur carrière professionnelle. « Saler la soupe » est une expression qui faisait sourire ! Mais l’inquiétude de payer cher de sa santé ne semble pas peser assez lourdement dans la balance contre la médiatisation des exploits, la conquête des cols de montagne et la capacité à dépasser les autres…