Une partie du succès d’Apple est imputé au rôle de la communauté des utilisateurs. Tout comme la fiabilité ou la sécurité, ces idées préconçues ne font plus partie du paradigme de la marque.
Entre objet tendance et icône du culte, les utilisateurs Mac, iPhone, iPad et iPhone ont des attitudes variés envers le produit. Au-delà du marketing, l’aspect communautaire autour de la marque Apple est aussi fascinant qu’énervant à observer.
Culte ou passion débordante ?
Aujourd’hui, parlons plutôt de fanboys ou adorateurs du culte, mais le sens de communauté n’a plus le même impact qu’à une époque qui paraît très lointaine, alors qu’il s’agit réellement d’une trentaine d’années. Certes, l’entraide demeure car tout problème trouvera sa solution par le biais de forums, blogs et médias sociaux. Cela n’empêche pas d’observer des stigmates désagréables à tous niveaux. Parmi les principaux vices rédhibitoires du fanboy Apple, le côté anti-PC est le plus évident, mais cela s’est naturellement étendu à iOS vs. Android. Dans tous les compartiments, le propriétaire d’un produit Apple est un frimeur ; il bombe le torse à la moindre occasion d’exhiber le logo à la pomme croquée. C’est puant pour le reste du monde et cela se vautre dans le ridicule à certaines occasions. Les files d’attente pour l’ouverture d’un magasin ou la sortie d’un nouveau produit sont la marque la plus visible d’un comportement anormal. C’était peut-être cool il y a quelques dizaines d’années, mais les rassemblements contemporains de membres du culte sont risibles, comme suggéré par une pub pour le smartphone Samsung Galaxy. Un autre vice rédhibitoire, qui ne concernait pas l’ancienne génération, se rapporte à l’égocentrisme entre utilisateurs Mac ou iTruc. Un symptôme courant se rapporte à l’installation de versions beta des systèmes d’exploitation OS X ou iOS. Il existe même un business pour certains sites internet qui revendent les logiciels, alors qu’ils sont exclusivement destinés aux développeurs. Par ailleurs, on observe toujours l’aigreur de ceux qui viennent d’être dépassés par la dernière version. C’est très visible dans les discussions de forums à propos des performances d’un nouveau Mac. Ceux qui ont cassé la tirelire pour acheter une version précédente ressentent un profond mal-être à se sentir dépassé par le dernier né à Cupertino. Vu le cycle rapproché de renouvellement des gammes, cela engendre un gros paquet de frustrés à chaque fois.
Ne parlons pas des fous furieux, dont je fais partie, qui collectionnent les antiquités pommées ou se refusent à laisser complètement tomber OS 9 au profit de OS X.
Bien sûr, les généralités sont malsaines. Sans doute qu’une minorité fait tâche, en rapport avec la plupart des utilisateurs qui sont simplement ravis du produit. L’expression de la satisfaction peut prendre différentes formes et les écarts de certains ont tendance à masquer le bon esprit qui règne généralement.
Le village de gaulois
Certains microcosmes sont même remarquables. Le meilleur exemple est la communauté rassemblée autour du Apple Newton, le PDA originel qui vécut entre 1994 et 1997. Encore aujourd’hui, ces 200 ou 300 passionnés continuent d’échanger sur le sujet et le Newton continue d’être utilisé quotidiennement par un certain nombre. Personnellement, je me sers surtout de mon Newton MessagePad 2100 pour la prise de notes. L’iPhone ou l’iPad n’ont pas réussi à remplacer mon vénérable Newton. D’ailleurs, cet article a été exclusivement rédigé sur l’ancêtre des smartphones et tablettes numériques.
Peu importe que Steve Jobs ait tué le Newton lors de son retour aux manettes en 1997. Le dévouement d’une poignée de programmeurs a réussi à faire évoluer le PDA pour être compatible avec des technologies comme le bluetooth ou le Wifi. En plus, l’interaction avec OS X est parfaite et nous possédons même une sorte d’App Store depuis des lustres, bien avant l’apparition de la version officielle pour iOS.
L’autre jour, un nouveau membre de la mailing list NewtonTalk demande s’il est possible de transformer un câble de connexion destiné à Windows en version OS 9. Non seulement différentes réponses sont arrivées aussitôt, mais quelqu’un a tout de suite proposé d’envoyer gratuitement le fameux câble à celui dans le besoin.
En passant, il faut remarquer que les passionnés du Newton communiquent toujours via mailing list, depuis les années 90. Cela n’empêche pas de se croiser sur Twitter, Flickr ou tout autre plate-forme sociale tendance, mais le core demeure sur NewtonTalk. C’est également fascinant d’observer les instincts de tribu qui remontent, constituant une enclave unique en son genre au sein de la galaxie des variantes communautaires ayant pour trait commun l’emblème fruité.
Le véritable évangélisme Apple
On pourrait croire qu’Apple est ravi d’avoir le soutien d’une communauté aussi virulente. Pourtant, le fanboy est dangereux pour la marque qui connaît parfaitement la situation.
Le véritable évangélisme se trouve du côté développeur. Lorsqu’on paye la licence développeur, c’est un autre monde qui s’ouvre. Il faut remonter aux débuts du Macintosh pour ressentir le traitement de faveur pour ceux qui publient des logiciels destinés aux produits Apple. En 1984, Steve Jobs sert le Macintosh d’un sac lors d’une célèbre keynote. Célébré par les membres du culte, il n’empêche que le premier Mac faisait face à un problème de taille puisqu’il n’y avait pas de logiciels tiers destinés à son système d’exploitation innovant. C’est Guy Kawasaki qui prit son bâton de pèlerin, en tant qu’évangéliste officiel, pour convaincre les développeurs. Il relate cette expérience dans un ouvrage extraordinaire, « The Macintosh Way ». Cela remet en perspective le succès d’Apple et surtout introduit la seule facette communautaire qui intéresse réellement la marque.
Au final, c’est peut-être exagéré de fustiger ceux qui souhaitent se rassembler autour d’une idée commune, même s’il s’agit d’une marque, mais le cas d’Apple est unique dans le secteur High-Tech. Pourtant, il existe une infinité de communautés dans le secteur, mais rien qui ne ressemble au fanatisme Apple.