La suprématie de la légendaire Ecole Nationale d’Administration (ENA) bat de l’aile. Au sein du gouvernement Fillon, les diplômés de l’ENA sont quasiment absents, laissant la place à une équipe figurant parmi les plus variées de l’histoire de la République Française. Est-ce que la disparition des énarques des hautes sphères du pouvoir marque seulement une tendance sarkozienne ou plutôt une évolution profonde ?
Sept des douze chefs de gouvernement de ces vingt-cinq dernières années sont issus de l’ENA, la prestigieuse école formatrice des cadres de l’Etat. Pourtant, sous l’ére sarkozienne, les énarques ne sont plus en vogue parmi les hautes sphères du pouvoir. En commençant par le président Sarkozy qui est avocat et son premier ministre, François Fillon, qui possède une formation de politologue. Ensuite, d’autres sont issus de la filière droit ou HEC, mais c’est Valérie Pécresse, ministre de l’éducation nationale qui demeure la seule issue de l’ENA. Cela tranche évidemment avec l’habituel bal des anciens de l’école d’administration au sein des portefeuilles ministériels.
Les observateurs ont vraiment noté ce changement radical à l’annonce de la formation du gouvernement Fillon au début de l’été. Le fait que les principaux ministères et surtout le poste de premier ministre ne soient pas occupés par des énarques démarque avec le copinage qui visent à nommer les copains de classe énarques pour les principaux ministères.
Autrement, il est vrai que la politique est un métier et tout n’est pas à jeter dans l’ENA. Apprendre à administrer un Etat est certainement une noble cause éducative, mais il est vraiment souhaitable de privilégier la diversité. Le modèle allemand qui voit ses dirigeants apprendre le métier de politicien dans les arrières salles de bars ne semblent pas moins doués que leurs homologues français. Le problème majeur de le situation de l’ENA tient dans son omniprésence légendaire parmi les hautes sphères du pouvoir depuis sa création en 1945. Le diplôme de l’institution est un véritable sauf-conduit pour de grandes responsabilités publiques. Tout le monde sait que cette pépinière des cadres de l’Etat génère un réseau puissant de dirigeants publics, mais je me souviens seulement de l’anecdotique François Bayrou qui est monté au créneau lors de la dernières campagne présidentielle afin de dénoncer ce véritable obstacle à la modernisation du pays. Nicolas Sarkozy n’a pas dénoncé publiquement l’ENA, mais les raisons de du maigre pourcentage d’énarques dans son gouvernement n’est certainement pas le fruit du hasard. Depuis le temps que les énarques sont installés au pouvoir, ils ont totalement ficelé les postes clés, ainsi il est assez surprenant de noter la manière dont Sarkozy et Fillon ont choisi d’occulter les énarques. C’est certain qu’ils doivent compter des énarques parmi leurs relations, mais ils n’ont pas choisi de les nommer au gouvernement, comme c’est le cas habituellement.
Il est louable de penser que de pauvres mécréants, qui n’ont pas fréquenté l’ENA, soient capables de gouverner, mais j’ai tout de même l’impression qu’il s’agit simplement d’une tendance. Le président n’adresse pas de front cette institution alors qu’il faudrait le faire. A mon avis, il faut complètement réduire les énarques à des rôles purement administratifs plutôt que décisionnaires. Leurs compétences sont certaines en termes de droit public et ils maîtrisent parfaitement les rouages administratifs. Par contre, la diversité est absolument nécessaire afin de composer un gouvernement qui soit totalement en phase avec la réalité. Les énarques évoluent dans une bulle relationnelle qui les dispensent de connaître les tracas quotidiens de leurs co-citoyens. C’est donc une espèce d’élite de futurs hauts fonctionnaires à la mentalité singulière qui compose les bancs chaque année les bancs de l’école, mais certainement pas des dirigeants capables de comprendre les problèmes actuels de notre société. J’ose stigmatiser l’ENA dans le rôle de l’institution qui a causé le dégringolade économique et sociale de la France. A quand la fin du monopole dirigiste des énarques ? La France n’est pas une démocratie, mais une plutocratie puisqu’un groupe issu de la même filière dirige le pays depuis des décennies. Le gouvernement Fillon marque le pas afin de démontrer qu’il est possible de nommer une classe dirigeante diversifiée, mais je crois qu’il s’agit simplement d’un bug car les énarques reviendront plus affutés que jamais au sein d’un prochain gouvernement si rien n’est fait pour éradiquer leur monopole.
Acidifie
8 décembre 2007 à 7:20
Seulement parmi la clique qui entoure Sarko, combien sont ENArques ?
La disparition de l’ENA est un thème trop populaire…
Geoffrey
8 décembre 2007 à 10:47
Moi je suis pour la diversité, dans tous les domaines. Et je pense sincèrement que c’est un bien qu’enfin on ne soit pas gouverné par des personnes qui sortent du même moule.
On retrouve le même phénomène dans les administrations à savoir les responsables financiers sortent tous de l’école du Trésor Public. Et donc, on retrouve partout le « même esprit ». Après tout, je pense que des personnes ayant un diplôme d’expert comptable sont tout aussi capable de gérer les finances des établissements publics non ? Mais non, vous en trouverez pas. Vu que c’est au Trésor Public qu’on recrute, et évidemment des Inspecteurs du Trésor qui ont fait « l’école du TP ».
Je ne suis pas pour la suppression de l’ENA qui est une grande école, mais il ne faut pas faire de « corporatisme ».
Pour qu’une entreprise soit viable elle a besoin de personnes qui viennent d’horizon différent, car chacun peut apporter son « point de vue »… Et si tout le monde sort du même moule, et bien cela tend vers la pensée unique. 🙁
Par contre, je trouve que les ministres devraient être des spécialistes dans leur domaine. Un docteur ministre des affaires étrangères : Soit, il est connu, mais je pense que sa place serait plus à la santé !
Le garde des sceaux je trouve bien par exemple que se soit une ancienne magistrate. Au moins elle connait la musique !
Une personne qui s’est investi dans un domaine qui n’était pas sa formation initiale, mais qui a fait ses preuves peut très bien aussi accéder à un poste de ministre. Par exemple si un énarque c’est investi dans la culture pourquoi pas le mettre à ce ministère.
Mais il serait bien que chacun dans leur fonction est connu « le terrain ».
Bien que si j’en crois un dicton :
« Un patron c’est un imbélice qui s’entoure de gens compétents » … Donc les ministres ils leur suffisent de s’entourer de gens compétents pour être efficaces 😉
Laurent
14 décembre 2007 à 1:41
@Acidifié : la disparition de l’ENA n’est peut être pas souhaitable car il faut des administrants qualifiés pour l’Etat, mais une telle puissance de la part d’une seule entité n’est pas démocratique. Nous vivons dans une plutocratie !
@Geoffrey : c’est difficile de trancher sur la spécialisation par rapport à la fonction. Il me semble que c’est une question individuelle plutôt que générale.
christian
27 avril 2008 à 17:28
L’ENA est la pire chose qui soit arrivée à la France.
Laurent Bourrelly
27 avril 2008 à 18:17
C’est aussi mon avis. L’ENA est une spécificité française qui est aussi une aberration et une honte.
Longzi
25 décembre 2009 à 14:20
@Laurent : plutocratie, c’est un gouvernement par les riches, comme le souligne Wikipedia. Hors, je dirais plutôt qu’il s’agit d’une oligarchie, car le pouvoir est détenu par un groupe d’élites.
@Geoffrey : c’est une excellente remarque. Pouvez-vous la rapportée aux Maires de Paris ? Il se trouve que ceux qui sont amenés à s’occuper du commerce, pour le compte de l’administration public, sont systématiquement juifs… 🙄
Un exemple, Lyn Cohen-Salal (pas sûre de l’orthographe), elle est chargée du commerce, et elle est juive. Mais s’y connaît elle en commerce ? Pas plus que le français lambda. Comment est-elle arrivée à ce poste ? Par le Ciel, j’en sais foutrement rien !
Vous savez, les femmes se plaignent tout le temps du sexisme, mais elles font aussi du sexisme. Les noirs et arabes se plaignent de la discrimination raciale, mais eux aussi sont racistes. Les juifs se plaignent de l’antisémitisme, mais eux aussi discriminent et en profitent d’une manière outrancière.
Discriminer, c’est faire la différence. Or, le Bouddha seul est en mesure de discriminer sans discrimination.
TCJF.R
13 août 2010 à 7:36
Si les « NON ENARQUES comme SARKO, sont comme lui aussi doues pour gouverner la France, alors vive les Enarques, tels CHIRAC, De VILLEPIN, Jouet, Bredin, ROYAL; Hollande, etc….
N.S. est alle apres le bac, à l’ecole ddu F.N.
KRON
16 octobre 2010 à 13:36
Avez-vous bien étudié le pole social de l’Elysée:
Il y a 6 Enarques de la propotion Valmy.
C’est une catastrophe pour la santé!
B.KRON Académie Nationale de Chirurgie