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« J’écoute un disque de toi ça m’fait deux minutes trente cinq de bonheur. Je m’sens pas tout à fait abandonné pinlin-lin-lin poin poin poin poinlin poin, deux minutes trente cinq de bonheur … »

Pourquoi ai-je cet air dans la tête aujourd’hui depuis mon réveil ? Je n’ai jamais été fan de Sylvie Vartan, loin de là, et ce morceau n’a pas hanté les ondes depuis de nombreuses années.

J’avais prévu pour aujourd’hui d’aller acheter du pain, des sacs aspirateurs et des nonosses pour Mélodie. Les sacs aspirateur peuvent attendre, les nonosses il en reste encore quelques quintaux dans le placard, quant au pain … la boulangerie est fermée tout le week-end, mais tant pis, je me rationnerai, ce précieux approvisionnement pourra attendre Lundi. Tant que j’ai cet air dans la tête, je ne peux rien faire d’autre que de le ressasser en cherchant l’explication simple et rationnelle de sa présence.

Pinlin-lin-lin poin poin poin poinlin poin …

Deux minutes trente cinq de bonheur, dans une pochette cartonnée. Mon vieux Teppaz sentait bon le plastique brûlé, il entamait sa mélodie par des grésillements légers si agréables à l’oreille ! Crr… c-cr .. ssshcr … puis me plongeait dans un karma instantané pendant deux minutes et trente cinq secondes. Pour moi la vie allait commencer, j’entendais siffler le train, je faisais une lettre pour le président, toujours la même, LA lettre, celle qu’il n’a jamais lue par manque de temps.

J’ai pas tué, j’ai pas volé, j’écoutais la java, mais je ne la dansais pas, je ne regardais pas l’avenir, mes yeux suivaient le jeu nerveux du bras de l’électrophone sur le vinyle noir du disque.

Crr… c-cr .. ssshcr … deux minutes trente cinq de bonheur …

Je me souviens de ces 33 tours de reggae que je faisais venir de Kingston, pressés sur place dans des petits studios de 9 mètres carrés proches du ghetto. Tellement ça craquait au bout de deux ou trois passages que j’étais obligé de les enregistrer dés la première écoute. Aujourd’hui on a les « cédés », ces petites plaques en plastique métallisé si parfaites pour le son, où on peut entasser des heures de hèmpétrois piratés sur le net et que l’on n’écoute jamais. On a des heures de musique sans âme. Satta Massagana sur cédé, quelle tristesse !  Le lion est mort, et ça ne date pas de ce soir.

Voilà où nous en sommes, alors je me réfugie dans la littérature. Ah, oui, ces merveilleux romans de mon enfance ! Michel au refuge interdit, le club des 5, et puis plus tard, l’adolescence en compagnie du Petit Chose, de Meaulnes ou de Manon, et puis encore plus tard plongé dans la superbe collection reliée cuir des Rougon-Macquart.  Mais où sont-ils donc tous ces Hugo, Voltaire, Giono et autres Mérimée ? Les voilà désormais enfermés dans des éditions médiocres à peine cartonnées et sans enluminure, ou même reliés PDF. Où est cette bonne odeur de pâte à papier ? Où sont ces pages écornées qui nous rappellent qu’on s’est endormi là, sur ce long paragraphe de Proust, emportés par des rêves au goût de madeleine ?

Pinlin-lin-lin poin poin poin poinlin poin …

Deux minutes trente cinq de joie, plus d’autres petites joies, tout ça cumulé : c’était ça le bonheur parfait.

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