Laurent Bourrelly vient de consacrer le 25 mars dernier un article à plusieurs aspects, essentiels, de la crise économique qui frappe aujourd’hui le monde occidental. Saluons la clarté et la pertinence de son propos. Nous voudrions lui faire écho, par une brève parabole de notre cru, inspirée du célèbre mythe de Sisyphe, – mais, rassurez-vous, sur un mode plus ludique que véritablement philosophique !
Pour la bonne compréhension de notre fameuse parabole, – dédiée à l’aspect strictement bancaire de la crise – nous croyons utile de vous préciser que le mécanisme financier dit de « titrisation », dans notre version du mythe, joue un rôle majeur sinon exclusif.
Le malheur de Sisyphe est grand !
De tout temps, Sisyphe voulut une vie et un destin heureux. Or, jamais encore jusqu’à ce jour Sisyphe n’avait poussé aussi haut son rocher sur la pente abrupte de sa vie et de son destin. Jamais encore Sisyphe n’avait séjourné aussi longtemps au sommet de sa montagne. Jamais encore Sisyphe n’avait autant cru qu’il pourrait y demeurer, – pour toujours…
Nous sommes au tout début du vingt et unième siècle. Cette fois-là, Sisyphe a gravi la pente d’une façon spectaculaire, étonnante, merveilleuse même. Il a atteint le sommet de la Montagne la plus haute. Assis sur son or, au comble du ravissement, il contemple son rocher, solidement amarré près de lui. Nul besoin de l’imaginer heureux, notre Sisyphe – CAR IL l’EST.
Comme il est ému, notre Sisyphe ! d’ailleurs, regardez-le : il a l’œil un peu humide, non ? Son cœur est rempli de gratitude. De temps à autre, sur son cœur justement, il tâte cette grosse protubérance qu’il sent sous l’étoffe. Et il ne peut s’empêcher de plonger la main à l’intérieur pour y palper ces petits chiffons de papier rectangulaires ; certes, ils sont un peu rêches au toucher, mais comme à leur contact son cœur bat soudain plus fort !
Le temps passe, Sisyphe regarde son rocher. Immobile, le rocher paraît dormir d’un éternel sommeil, alors Sisyphe se prend à rêver : et si, cette fois, il ne devait jamais se réveiller ce fichu rocher ? S’il ne devait plus jamais dévaler la pente de la destinée ? Plus le temps passe et plus la crainte de Sisyphe s’estompe.
Des jours, des nuits, des mois, des années passent ainsi : le rocher est toujours là, immobile, coopératif, docile même ; il semble, ce rocher, aussi doux qu’un agneau, on dirait qu’il regarde Sisyphe, et qu’il l’admire ! Pour un peu Sisyphe le comparerait volontiers à une femme amoureuse, de lui bien sûr, du grand Sisyphe, car nul doute que si Socrate est un homme, Sisyphe en est un aussi…
Alors, la crainte ancestrale s’évanouit pour de bon. Sisyphe se redresse, fixe le ciel, les nuages, le soleil ; le vent des cimes brûle-t-il sa peau ? il n’en a cure : n’a-t-il pas désormais triomphé de la malédiction !?
Voilà, c’est fait, il a gagné, du moins il le croit, et il part conquérir le ciel, le soleil et les étoiles !
Un soir – il est déjà si près du but – une idée superbe, une idée de génie (une idée d’homme par conséquent !), peut-être la plus belle de toutes les idées de génie qu’il a eues, le Sisyphe, depuis que le monde est monde, et qu’il l’encombre de sa présence, la plus mathématique en tout cas, imparable, implacable, comme toute bonne idée mathématique, une idée de génie disais-je, vient encore lui titiller le cerveau…
Derechef, Sisyphe palpe son portefeuille, bien au chaud, à l’abri sur son cœur. Serait-ce la titrisation l’idée qui titille Sisyphe ? Mais oui, c’est la titrisation, c’est bien elle ! Quelle salope celle-là ! s’écriera Sisyphe plus tard…
« Titrisons les tous ! même les pauvres, on les titrise ! Dieu reconnaîtra les siens ! » s’exclame donc, dans l’euphorie, notre Sisyphe…
Et Sisyphe titrise. Il titrise, il titrise, des mois, des années, quel grand titriseur notre beau Sisyphe !
Un jour, fatigué d’avoir tant titrisé, le cœur las, Sisyphe s’endormit enfin. Alors, il advînt ce qui devait advenir : dans un grondement terrible, brisant tout sur son passage, le rocher roula au pied de la montagne.
Et tout, absolument, une fois de plus, fut à recommencer…
La titrisation :
La titrisation – comme tout ce qui est utile et beau n’est-il pas vrai ? – est née aux USA dans les années 70. Cette technique financière de mobilisation de créances peu liquides, et par la suite – le progrès ne s’arrêtant pas – carrément douteuses, n’est arrivée en France que beaucoup plus tard.
En effet, c’est une loi du 23 décembre 1988, relative aux organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM pour les initiés) et aux fonds communs de créances qui réglemente, en France, la titrisation. Comme toujours, cette loi fut ensuite plusieurs fois modifiée. Aujourd’hui, le dispositif législatif relatif à la titrisation se trouve aux articles L 214-43 et suivants du code monétaire et financier. Gageons qu’il ne va guère tarder à évoluer encore…
Le banquier – cet être avide ? « ce pelé, ce galeux… » dont viendrait tout le mal ? – n’a pas tardé, évidemment, à utiliser cette technique pour octroyer plus de crédits encore, à des personnes à la solvabilité par conséquent de plus en plus douteuse (Cf. les inénarrables subprimes)…
En effet, la titrisation lui permet, à notre bon banquier, de se débarrasser de ce type de créances à risque, à travers la création d’une valeur mobilière idoine destinée à entrer, par exemple, dans un fonds commun de créances, et donc, à devenir négociable sur le marché.
Mais le génie bancaire ne s’arrête pas là ! que faites-vous, en effet, des mathématiques, mon cher ami ? Grâce à elles, nous allons pouvoir imaginer des valeurs nettement plus sophistiquées, mélange de bonnes, de moins bonnes créances, et de créances « pourries » aussi bien sûr ; mais ce n’est pas très grave, on va en mettre juste un peu, une dose infime, le risque sera alors tellement dilué au sein du produit ainsi conçu qu’il finira par passer inaperçu, et – car on a nous aussi, tout banquier que nous sommes, le droit de rêver, hein ? – par disparaître tout à fait !
Hélas, les paradoxes existent en mathématiques comme partout ailleurs, et le risque est contagieux…
La titrisation, serait-ce le VIH du capitalisme financier ? Certains experts le croient. Et il est possible que le capitalisme financier, dans sa forme actuelle marquée au coin de l’excès, tant en termes de création artificielle de valeur que de vitesse de rotation de celle-ci – disparaisse… : « A la trappe ! A la trappe ! » aurait dit le père Ubu…
Joël Bécam
Joël Bécam a dirigé pendant sept ans la rédaction de l’Encyclopédie juridique DALLOZ. Aujourd’hui, il se consacre exclusivement à l’écriture – sa vraie passion – et à la diffusion de ses créations littéraires. Il a récemment ouvert un blog : L’Amour délivre… www.joelbecam.blog.lemonde.fr.
Il dédie cet article à Jérôme Kerviel et Daniel Bouton.
Laurent Bourrelly
4 avril 2008 à 10:15
Je souhaite la bienvenue à Joël sur Adicie.
Pour son premier billet, il fait preuve de beaucoup d’originalité, et j’espère que l’exercice lui plaira. Le blog de Joël est excellent, mais je pense qu’il est possible de tenir sa propre tribune tout en contribuant à un blog collaboratif.
En tout cas, j’espère que d’autres billets aussi fracassants que celui-ci s’ajouteront au crédit de Joël sur Adicie.
A noter que Joël m’a signifié qu’il y avait une suite à ce billet.
Geoffrey
4 avril 2008 à 10:40
Bienvenue parmi nous Joël 🙂 … Allez hop, je vais lire le billet maintenant.
Robert DION
4 avril 2008 à 10:58
Excellent support pour traiter dun problème complexe.
Bravo !
Arlette
4 avril 2008 à 14:19
Bonjour et bienvenue parmi les rédacteurs d’Adicie Joël Bécam 😉
Félicitations pour ton billet ! J’ai noté au passage l’allusion à une des fables de Jean de la Fontaine : Les animaux malades de la peste… Y a pas a dire… Il est toujours d’actualité ! Déjà, je suis toujours surprise de constater que je peux le pasticher tous les mois en le collant à une actualité sur Internet, mais là encore cela me prouve que ce cher Jean ne vieilli pas !
Que dire de plus que ce que tu as déjà dit 🙁 . Rien ! Très bonne analyse. J’ai eu beaucoup de plaisir à te lire.
Bon, je vais te faire une proposition indécente via ton site ;)…
Joël Bécam
4 avril 2008 à 15:49
Oui, bravo Arlette ! il s’agit bien des « animaux malades de la peste » et, dans le cas présent, le « baudet » de la fable (« haro sur le baudet », n’est-ce pas ?) est le pauvre banquier, bien sûr !
Il y a une autre allusion « littéraire », qui concerne un autre auteur que La Fontaine, alors, cherche un peu plus, et tu la trouveras certainement !
Je viens juste de répondre à ta proposition de lien…
Amicalement.
Joël.
Arlette
4 avril 2008 à 17:48
Joel 😉
« Tuez-les tous, Dieu reconnaitra les siens: Le massacre de Béziers (22 juillet 1209) » de Jacques Berlioz
« Ubu roi » d’Alfred Jarry… Bon mais là tu le cites.
J’ai oublié personne ???
C’était la minute culturelle 🙂 . Pour Jean de la Fontaine, j’ai aucun mérite : Je suis fan !
Arlette
5 avril 2008 à 11:05
Je dors en ce moment 🙁
J’ai oublié le principal : Le mythe de Sisyphe d’Albert Camus.
Médor
5 avril 2008 à 12:53
Tu baisses Arlette. Joël Becam a employé une fois la locution « peut-être », que l’on retrouve dans Ionesco (Rhinocéros, acte premier) et qui est bien évidemment un clin d’oeil à cet auteur.
Arlette
5 avril 2008 à 13:54
Pufff… Médor… Tu me sapes le moral en ce jour de we… Je joue plus moi alors…
J’aime pas perdre. na ! Je jette l’éponge ! Je retourne à ma sieste 🙂
Cela n’enlève rien à la qualité du billet. J’ai adoré 😉
Joël Bécam
5 avril 2008 à 14:14
Bonjour Cher Médor !
Médor que d’un oeil, à ce que je vois !
Arlette, encore bravo ! Les derniers mots du mythe de Sisyphe d’Albert Camus sont, en effet, si ma mémoire est bonne : « Il faut imaginer Sisyphe heureux », de là ma propre allusion dans ce billet (peut-être un peu trop technique ?) : « nul besoin d’imaginer Sisyphe heureux, – IL L’EST » (ceci – son matelas de billets – expliquant cela…).
Dans mon enfance, je devais avoir cinq ou six ans, je me souviens d’une phrase que prononçait à la radio un acteur dont j’ai oublié le nom, dans un feuilleton dont j’ai oublié le titre, et dont j’ai oublié de quoi il retourne, je crois bien qu’il jouait le rôle d’un dentiste (ça m’a marqué, – la roulette !), mais allez savoir ? toujours est-il qu’il répétait cette phrase, à intervalles réguliers, en singeant l’accent britannique : « Appuyez sur le button et vous plus pouvoir bouger ! » : au fait, pourquoi je raconte ça, moi, hein ?
Arlette
5 avril 2008 à 15:36
@Joel : “Appuyez sur le button et vous plus pouvoir bouger !”
Bon, là je capitule. Pourtant il me semble que l’on est de la même génération… De celle qui écoutait plus la radio qui ne regardait la TV… Mais j’ai fais quelques recherches mais j’ai pas trouvé 🙁 Bon, je m’exonère, comme l’a souligné Médor : « J’ai la mémoire qui flanche » 🙂
Ton billet est trop bien fait. Tu as tout dit. Que rajouter de plus ? A part que j’espère que je serais le premier site qui aura l’honneur de faire la pub de ton premier ouvrage publié ? 😉
Joël Bécam
6 avril 2008 à 8:55
Lorsque j’étais enfant, je me souviens que nous étions toute une bande de gamins à aller regarder « Ivanhoé » (petit indice quant à mon âge…) à la TV, et dans la rue de surcroît ! Je dis bien « regarder », et « dans la rue », car aucun d’entre nous n’avait la télé à la maison, et de son il n’y en avait point ! Et pour cause ; en effet, nous étions tous agglutinés sur le trottoir devant la vitrine du marchand de TV, – le son ne passait pas ce mur de verre ! – à baver devant les exploits de notre héros, rêvant qu’un jour peut-être nos parents franchiraient la porte et ouvriraient leur portefeuille !…
« Le premier site » me dis-tu, Arlette ? Tu en as de bonnes, Arlette ! Nous nous connaissons à peine, et tu veux déjà être la première ! c’est bien là les femmes ! Quoi qu’il en soit, tu auras une place d’honneur, je te le jure sur la tête du pape Jean-Paul II ! le pauvre, il est la « victime » de mon billet du jour (sur L’Amour délivre, bien entendu…) !
Amicalement.
Joël.
Arlette
6 avril 2008 à 9:12
Ben Joël ça coute rien de demander 😉
Visiblement il y a un problème avec ton url quand tu écris un commentaire. Celle-ci est trop longue et donc donne une page d’erreur. J’ai modifié quelques commentaires… Essaye de mettre dans la case : « Votre site » l’url comme ceci :
http://joelbecam.blog.lemonde.fr/ (sans le http:// devant).
Hedge funds : attention danger !
8 avril 2008 à 14:05
[…] à tout foutre en l’air un jour ou l’autre. Pour finir, je conseille, sur Adicie, la lecture du mythe de Sisyphe appliqué à l’économie pour ceux qui ne l’ont pas encore […]
Anonymus
9 avril 2008 à 0:36
L’appat du gain est dans la nature de l’homme 😉
Et la crise actuelle est dûe au fait qu’ils ont bien (comme les maths l’avaient demandé) dispatché le risque, mais ils l’ont fait ‘entre eux’, or il s’avère qu’ils n’étaient pas si nombreux que ca. Et s’ils baissent tous en même temps, alors ca revient au même : ils se prennent tous le risque dans la figure.
Ajoutée au fait qu’ils ont un peu trop tiré sur la corde..
Mais bon…
Peut-on reprocher aux commerciaux des banques d’avoir correctement fait leur boulot ?
Peut on reprocher aux maths de ne pas avoir prédit ce qui allait arriver ? les maths ont bien prédit ce qui allait arriver, mais personne n’a voulu les regarder correctement.
Je crois qu’on arrive à la fin d’un système : le système capitaliste, tiré à l’extrème engendre ces dérapages, qui ne sont accentués que par l’internationalisation des échanges : maintenant, une crise devient planétaire, et un système coule en emportant les autres, parce qu’ils sont liés.
‘on’ ne peut pas reprocher à un trader de faire gagner de l’argent à sa boite, puisque c’est son boulot. Peut on lui reprocher d’avoir pris trop de risques ? Non, ca fait partie de son boulot… Sans risques, pas de profits.
De la meme facon qu’on ne peut reprocher à un pilote de formule 1 d’être sorti de la route : Il prend des risques, il… prend des risques. J’crois que le mot ‘risque’ n’est pas assez pris au sérieux, dans ce bas monde…
Par contre, on peut je pense reprocher aux banques de donner à très peu de traders (tout compte fait) des sommes vraiment considérables, sous prétexte qu’ils sont bons. Ils sont peut être bons, certes, mais la quantité aidant, lorsqu’ils déplacent des capitaux d’un marché à un autre, ca se fait dans des temps très (trop) courts, et accentue d’autant les mouvements boursiers.
Je pense vraiment qu’on arrive à la fin d’un cycle, mais qu’on n’a encore rien vu 😉
( parce que le phénomène va prendre encore de l’ampleur, ca n’est que le début de la fin 😀 )
Joël Bécam
9 avril 2008 à 8:06
Merci pour votre commentaire, cher Anonymus. Loin de moi l’idée de reprocher aux commerciaux et aux traders, employés par des banques, de faire leur métier !
Concernant les mathématiques, on a cru longtemps qu’elles étaient la science exacte par excellence ; or, certains mathématiciens se sont aperçus qu’à certaines étapes de leur raisonnement (pardonnez la formulation approximative, je ne suis guère matheux !), ils se trouvaient confrontés à des paradoxes, autrement dit à des résultats qui, mathématiquement parlant, n’auraient pas dû être ce qu’ils étaient ! Troublant… Pendant longtemps, on a refusé d’y « croire », jusqu’à ce qu’un mathématicien démontre, de manière irréfutable, que les paradoxes existent bel et bien en mathématiques aussi !
Pour le reste, j’ignore comme vous si nous sommes à la fin d’un cycle, même si, comme vous, je pense que nous y sommes ! Une chose paraît certaine : les pertes sont bien plus importantes que ce qu’on veut bien nous en montrer. Il est évident que les banques (nous écrivons » les banques » par commodité de langage bien entendu) les annoncent petit à petit, pour ne pas effrayer leurs clients (là-dessus, nous les approuvons), en tâchant de faire porter le chapeau de temps en temps si c’est possible, pour faire avaler la pilule, à un baudet (pardon Jérôme !) ; et aussi, tout simplement, parce que le calcul de ces pertes est, j’imagine, long et fastidieux.
Une chose devrait être acquise (hélas, ce n’est pas le cas…) : ce sont aux actionnaires de ces établissements en perte ou en faillite, de payer la note, – certainement pas au contribuable, quel que soit le risque que l’économie réelle court. Car il se trouve que le contribuable a, lui aussi, en France et dans beaucoup d’autres Etats occidentaux, une belle note bien salée à payer : celle de l’Etat, – la nôtre à tous -, les fameux déficits publics, soit pour la France environ 1200 milliards d’euros : comment on va faire ? je vous le demande…
La peur rôde, et si nous ne l’affrontons pas, si nous ne regardons pas les choses en face, la violence arrivera ensuite, c’est inéluctable…
Joël Bécam
9 avril 2008 à 12:59
Je viens d’entendre à la radio, sur Europe 1, de la bouche de la Secrétaire d’Etat, que notre dette, à nous français, liée aux déficits publics de l’Etat, équivaudrait à 14.000 euros pour chacun de nos enfants, si on la leur laisse…
J’ignore comment ce calcul a été fait, mais il a de quoi nous effrayer, nous parents, et susciter le ressentiment de nos chérubins !
Joël.
Anonymus
9 avril 2008 à 14:30
14.000 euros ?
Si encore il suffisait que l’on prenne chacun cette dette pour qu’il n’y en ait plus, ca se ferait rapidement 🙂
Malheureusement, on l’a vu/on le voit pour la Sécu > Ils ont beau nous rajouter des taxes sensées ‘régler le problème’, il empire tous les ans. A croire que plus on met de sous dedans, et plus il s’en dépense.
Les ‘princes qui nous gouvernent’ n’ont absolument aucune idée de la gestion de l’etat, c’est du très très grand n’importe quoi.
Geoffrey
10 avril 2008 à 11:02
Le vie est une roue qui tourne. Dans tous les domaines… Et comme toutes roues, d’abord tu es en bas, et après tu montes… Et quand tu arrives au sommet et bien tu ne peux que redescendre pour mieux remonter après et ainsi de suite.
Une illustration de ce principe est « la mode ». En regardant de plus près, on s’aperçoit que l’on reprend les mêmes et on recommence. La mode n’est-elle pas un éternel recommencement ?
Dans l’éducation des enfants aussi : Il y a quelques siècles les enfants étaient tout sauf des rois. Aujourd’hui c’est le siècle de l’enfant roi. Mais enfin, on commence a y revenir. Le principe de donner des cours d’instructions civiques, demander aux professeurs de vouvoyer les enfants, de les appeler par leur nom… Bientôt la fessée va devenir obligatoire à ce rythme 🙂 … Donc on est entrain d’évoluer… Dans quelques années on reviendra aux principes de nos aïeux et nos arrières-arrières petits-enfants changeront de comportements avec leurs enfants et deviendront plus permissifs.
Est-on arrivé au sommet ? Peut-être pas encore, mais cela ne saurait tarder. En tout état de cause c’est évident que l’on ne se prépare pas des lendemains heureux et l’on ne pourra pas continuer comme ça éternellement.
Clément
10 avril 2008 à 14:32
Génial 🙂
J’aimerais ajouter une chose, c’est tout de même les banquiers américains et européens – chez qui nous déposons notre argent ! Il ne faut pas l’oublier – qui ont accepté de supporter les risques de ces crédits hypothécaires en tablant principalement leurs modèles prévisionnels sur une hypothèse de croissance soutenue du marché immobilier.
Et nous devrions être révolté contre les mortgages et les fonds d’investissements subprimes qui sont à l’origine de la création de ses créances risquées. Les prêts 2-30 (deux ans taux fixes,28 taux variable, une aberration), l’absence de garanties fiables…Les USA se sont fait payer la construction de millions de logements, par toutes les places financières du monde. Certes la crise des subprimes a entraîné la faillite de quelques établissements américains, histoire de dire « voyez, nous aussi sommes touchés! » mais qu’en est-il des pertes des banques européennes et hors-USA ? On peut leur reprocher de n’avoir pas su évaluer elles-même leur risque, mais comment ne pas faire confiance au diagnostic d’évaluation de risque à un établissement bancaire américain noté AAA chez Moody’s ou chez PWC?
C’est vrai nous sommes dans le creux de la vague, mais nous pouvons faire confiance à nos hallucinés de financiers pour trouver un autre terrain de jeu dans les années à venir…
Pierre M. Boriliens
25 septembre 2008 à 15:35
Très joli texte.
Juste une précision sur votre commentaire n°16. Les mathématiques n’ont rien à voir dans cette histoire. L’erreur est dans le fait de croire que l’on pourrait modéliser les comportements humains par des mathématiques. Regardez les commentaires des « analystes ». Il n’est question que de confiance, d’inquiétude, de nervosité, etc. C’est-à-dire d’émotions !
Vouloir quantifier ça a priori est un non-sens. Bien sûr, a posteriori, un modèle peut permettre d’ajuster un tel paramètre, de sorte que le résultat soit conforme à la réalité observée, toujours déjà passée. Mais un autre modèle aussi… J’aurais presque tendance à dire n’importe quel modèle, avec autant d’ajustements à faire de la « valeurs » de la confiance, par exemple, que de modèles testés. On n’en sait donc pas plus après, qu’avant, sur la « valeur » réelle, si toutefois cette notion a le moindre sens, de la confiance dans l’événement considéré. Et que dire de la « valeur » de la confiance pour un événement futur ?
Je laisse la conclusion à un économiste, que l’on n’attends guère dans une sorte de dénonciation de l’utilisation abusive des mathématiques (il dit les Sciences, mais on comprend bien qu’il s’agit des Sciences exactes, mathématisables…) :
Dans la première moitié du XIXe siècle, une nouvelle attitude se fit jour. Le terme de « science » fut de plus en plus restreint aux disciplines physiques et biologiques qui commencèrent au même moment à prétendre à une rigueur et à une certitude particulières qui les distingueraient de toutes les autres. Leur succès fut tel qu’elles en vinrent bientôt à exercer une extraordinaire fascination sur ceux qui travaillaient dans d’autres domaines ; ils se mirent rapidement à imiter leur enseignement et leur vocabulaire. Ainsi débuta la tyrannie que les méthodes et les techniques des Sciences au sens étroit du terme n’ont jamais cessé d’exercer sur les autres disciplines. Celles-ci se soucièrent de plus en plus de revendiquer l’égalité de statut en montrant qu’elles adoptaient les mêmes méthodes que leurs sœurs dont la réussite était si brillante, au lieu d’adapter davantage leurs méthodes à leurs propres problèmes. Cette ambition d’imiter la Science dans ses méthodes plus que dans son esprit allait, pendant quelque cent vingt ans, dominer l’étude de l’homme, mais elle a dans le même temps à peine contribué à la connaissance des phénomènes sociaux.
Friedrich von Hayek, Scientisme et sciences sociales, trad. Raymond Barre, Plon, 1953.