Acceuil France Le bluff de la commission Attali pour la libération de la croissance française

Le bluff de la commission Attali pour la libération de la croissance française

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En août 2007, la commission, présidée par Jacques Attali, était mise en place par le président Nicolas Sarkozy afin de travailler sur la « libération de la croissance française ». Ce matin, le rapport de 300 propositions de réformes est remis au président.

Voyons voir les 20 propositions fondamentales du plan de bataille Attali qui vise à assurer une croissance forte et mettre en place dans le pays une véritable « économie de la connaissance ».
En fait, le rapport Attali comporte huit ambitions, vingt décisions fondamentales et trois cent quatorze décisions. La priorité vient à la préparation de la jeunesse vers l’économie du savoir puisque six des vingt propositions fondamentales portent sur ce sujet. La synthèse du rapport souhaite que la France reprenne les moyens de « prendre une place de premier plan dans les secteurs d’avenir ». Attali diagnostique que « le monde avance, la France doit croître » et « changer de vitesse » car dans un monde évoluant « à très grande vitesse », un pays trop lent « s’appauvrit, se désole et recule ». Sans blague ? Il fallait une commission pour faire ce constat ? Bon, voyons voir ces 20 décisions fondamentales qui vont faire bouger la France :

1/ Se donner les moyens pour que tout élève maîtrise avant la fin de la sixième le français, la lecture, l’écriture, le calcul, le travail de groupe, l’anglais et l’informatique.

Laurent : Vu le déplorable état de la maîtrise de la langue française au sein de la jeunesse, c’est un défi énorme. Il faut aller voir comment écrivent les jeunes dans les blogs Skyrock pour avoir un aperçu du désastre. À moins que le SMS devienne langue nationale, je reste pessimiste sur ce défi.

Geoffrey : Depuis le temps qu’on en parle… Il serait temps ! Mais enfin, je n’arrive toujours pas à comprendre comment un jeune aujourd’hui arrive au collège sans savoir lire et écrire ? Savoir lire et écrire est la base pour apprendre.


2/ Constituer 10 grands pôles d’enseignement supérieur et de recherche autour de 10 campus, réels et virtuels, fixant les conditions d’excellence de l’ensemble du système de formation supérieur et de recherche.

Laurent : Nous avons vu quelle était la difficulté pour bouger le mammouth qu’est l’Education Nationale lors des derniers conflits étudiants. Créer 10 pôles principaux va faire descendre toute la population estudiantine qui va crier à l’élitisme et tout un tas d’autres revendications insupportables.

Geoffrey : Bon les pôles d’enseignement existent déjà. Cela revient à les réduire pour qu’ils deviennent plus gros.

3/ Redonner à la France tous les moyens -dont ceux de la recherche- pour prendre une place de premier rang dans les secteurs de l’avenir : numérique, santé, écologie, tourisme, etc.

Laurent : Wouah ! Redonner des moyens à la recherche. En voilà une superbe idée car c’est un domaine plus que sinisté, mais il me semble que plusieurs politiques se sont penchés sur le problème et rien n’avance. En tout cas, les laboratoires sont toujours autant mal en point et les fonds manquent cruellement.

Geoffrey : Il se fout de la gueule des chercheurs ? Cela fait plusieurs années que le CNRS est en train de disparaitre pour être englouti par les universités. Il ne restera qu’un petit noyau pour représenter la recherche française. Car un pays qui n’a pas d’organisme propre de recherche n’est pas crédible. Pour ce qui est des moyens, actuellement la recherche n’est pas le parent pauvre. Par contre elle fonctionne à 80 % par des fonds privés. Et les caisses sont loin d’être vides.

4/ Mettre en chantier dix Ecopolis, villes et quartiers d’au moins 50.000 habitants intégrant technologies vertes et technologies de communication.

Laurent : Sympa ça des cybercafés écolos ! C’est une bonne nouvelle, mais encore une fois la France tellement en retard par rapport à l’écologie que dix Ecopolis c’est un peu comme faire pipi dans un violon. J’attendais des réformes un peu plus ambitieuses, surtout venant de Jacques Attali.

Geoffrey : Là, il faudra qu’on m’explique l’intérêt. Des villes ou l’on pourra surfer sur Internet à chaque coin de rue, et ou l’on se déplacera en vélo ? C’est ça qu’il veut ?

5/ Entreprendre dès maintenant la mise en place du très haut débit pour tous, à domicile, dans l’espace numérique et dans l’administration.

Laurent : Franchement, la course aux Megas va vraiment changer quelque chose ? Le gros souci de l’ADSL tient au fait que le débit est asymétrique. La voie descendante qui est toujours performante, mais l’arnaque se situe plutôt dans la voie montante qui est hyper limitée. Ce n’est pas la peine d’annoncer des records en termes de voie descendante alors que la voie montante ne suit pas.

Geoffrey : Ah bon ? On va forcer tous les foyers à avoir une connexion Internet ? Dans l’administration ce n’est pas le cas ? Ben, voyons. Aujourd’hui toutes les administrations sont pourvues d’Internet et ont même avec lequel on peut les joindre, obtenir des réponses, payer ses charges. Donc rien de nouveau sous le soleil.

6/ Mettre en place les infrastructures nécessaires (ports, aéroports et place financière) et accroître l’offre et la qualité du logement social.

Laurent : C’est un peu parler pour ne rien dire, donc je passe sur mon commentaire.

Geoffrey : Non, Laurent tu n’as pas compris. Il propose de créer des nouvelles villes avec des logements sociaux près des ports, et aéroport… Avec toutes les nuisances que cela apporte. Mais enfin, c’est pas grave vu que ce sera des habitations à prix réduits.


7/ Réduire les délais de paiement des PME par l’Etat et par les grandes entreprises à un mois à compter de la livraison et à dix jours pour la TVA.

Laurent : Et pourquoi pas rémunérer les entreprises pour le travail de collecteur d’impôts qu’elles effectuent gracieusement ? D’ailleurs, c’est interdit de travailler gratuitement et pourtant l’Etat a généralisé cette pratique avec la collecte de la TVA.
Quand au délai raccourci, bien sûr que c’est une bonne mesure.

Geoffrey : Deux points à souligner .

  • Le paiement délai de paiement des administrations à qui que ce soit est actuellement de 35 jours (Bon, on va gagner 5 jours). Encore faudrait-il que chacun le sache. Au delà de ce délai l’administration doit obligatoirement vous payer des intérêts moratoires. Si elle le fait pas, il suffit de le demander.
  • A dix jours pour la TVA ? Là, je ne vois pas ce que l’on doit comprendre. Le remboursement de la TVA par l’état ? Ou le paiement à l’état tous les 10 jours de la TVA ? J’ose espérer que c’est la première solution, car sinon, faire une déclaration de TVA tous les 10, au lieu de tous les mois, ou tous les 3 mois, c’est tout sauf un cadeau !

8/ Créer par redéploiement une agence guidant les TPE / PME de moins de 20 salariés dans leurs démarches administratives, en leur adressant des réponses engageant l’ensemble des administrations.

Laurent : Ça n’existe pas déjà ? Il me semble que les Centres de Formalités des Entreprises incluent dans toutes les Chambres de Commerce et d’Industrie répondent à ce besoin.

Geoffrey : Bien sûr que cela existe déjà. On vient même de mettre en place un « guichet unique » pour le paiement des diverses cotisations sociales depuis le 1er janvier 2008.


9/ Renvoyer l’essentiel des décisions sociales à la négociation en modernisant les règles de représentativité et de financement des organisations syndicales et patronales.

Laurent : Encore un défi impensable ! Réformer les syndicats et le MEDEF. C’est une excellente idée, mais je ne vois pas comment elle peut se réaliser sans provoquer de tensions majeures.

Geoffrey : En fait cela revient à dire : On désignera les représentants syndicaux, on donnera des subventions aux syndicats, comme cela on aura plus de main-mise sur eux, et on pourra faire passer les réformes plus facilement.

10/ Mobiliser tous les acteurs pour l’emploi des jeunes et imposer à toutes les entreprises et collectivités publiques de présenter chaque année un bilan de la diversité par âge, par sexe et par origine.

Laurent : Ce n’est pas un bilan qui va améliorer l’emploi des jeunes. Il faut des jobs et pas des bilans.

Geoffrey : Jeris… On l’a fait pour le travail des handicapés, et on voit le résultat aujourd’hui. Les entreprises comme les administrations préfèrent payer que d’embaucher des handicapés. Sinon Laurent une piste : On embauchera des jeunes pour faire les bilans.

11/ Réduire le coût du travail pour toutes les entreprises en transférant une partie des cotisations sociales vers la CSG et la TVA.

Laurent : Il me faudra plus de détails sur ce point car ça sent l’arnaque. Au final ce sont toujours les mêmes qui payent dans ce genre de pirouette.

Goeffrey : Celle-là elle est gratinée ! Pour réduire les charges des entreprises ont va faire payer les consommateurs et les travailleurs. La CSG qui l’a paie ? : Les travailleurs. La TVA qui la paie : Le consommateur. Encore une fois, c’est comme cela que l’on va augmenter le pouvoir d’achat des français ? Augmenter de 2 points la TVA faudrait encore que Bruxelles soit d’accord. Faut pas oublier que Chirac avait promis de mettre la TVA à 5.5 % pour les restaurateurs et qu’il a essuyé un refus de la part de Bruxelles.

12/ Laisser à tout salarié le libre choix de poursuivre une activité sans aucune limite d’âge en bénéficiant, à compter de 65 ans, d’une augmentation proportionnelle de sa retraite et en levant les obstacles aux cumuls emploi-retraite, et tous les dispositifs de pré-retraite.

Laurent : Des avantages pour travailler à partir de 65 ans ? On ne commence pas à être un peu fatigué à cet âge là ?

Geoffrey : C’est surtout que l’on veut faire sauter les dispositifs de pré-retraite 😉 . Par contre supprimer les obstacles aux cumuls emploi-retraite cela peut-être bénéfiques à une certaine catégorie de personne. Les fonctionnaires par exemple qui se retrouvent avec une retraite de misère, mais qui ne peuvent pas avoir un petit job de complément. A 65 ans, on est parfois encore en forme. Regarde autour de toi, beaucoup de personnes à cet âge sont encore assez valides. C’est pour cette raison que l’on parle de 4eme âge, alors que tu temps de tes grands-parents on parlait seulement de 3ème âge.

13/ Aider les commerçants et les fournisseurs indépendants à prendre part à la concurrence tout en restaurant la liberté des prix et d’installation de tous les acteurs de la distribution, de l’hôtellerie et du cinéma.

Laurent : Encore du blabla…

Geoffrey : Non, là c’est grave. Un petit commerçant ne pourra jamais être plus concurrent qu’une grande surface. Cela va donc privilégier encore une fois la grande distribution aux détriments du petit commerce.

14/ Ouvrir très largement les professions règlementées à la concurrence sans nuire à la qualité des services rendus.

Laurent : Ok, la concurrence est ouverte, mais faut pas gêner. Ceux qui vont mettre ça en place sont vachement malins car je n’ai pas la moindre idée de comment ils vont s’y prendre.

Geoffrey : Bon, je pourrais être d’accord avec cette mesure vu qu’elle vise par exemple les taxis, les notaires… Et quoi qu’on en dise : Trouver un taxi dans une grande ville le soir…Qui se gavent sur notre dos pour un acte aussi bénin que de vouloir déposer son testament ? Ouvrir à la concurrence ok, mais à qui cela va profiter ? Aux grandes enseignes encore une fois. Quand on a donné l’accord aux grandes surfaces de vendre de l’essence : Combien de petites stations services ont disparues ? Bientôt on va voir des compagnies de taxis « Carrefour », « Leclerc », « Casino »…

15/ Encourager la mobilité géographique et la mobilité internationale (par une procédure plus souple de délivrance de visas aux étudiants, aux chercheurs, aux artistes, etc).

Laurent : Le Français ne veut pas bouger de son pavillon de banlieue pour un autre pavillon d’une banlieue afin de trouver du boulot. Je ne vois pas comment encourager la mobilité, à moins de changer les mentalités et c’est une autre paire de manches.

Geoffrey : Là je pense que tu fais fausse route Laurent. La mesure c’est de faire venir des étudiants en France et non le contraire. Parce actuellement les jeunes peuvent facilement aller faire des études à l’étranger, mais il est rare (enfin quand on regarde la proportion étudiant français/étrangers), de rencontrer des étudiants qui viennent en France pour faire leurs études. Il faudra donc réformer bien des choses. Car pour ne citer qu’un exemple : Se faire ouvrir un compte bancaire en France lorsqu’on est étranger et bien c’est la galère !

16/ Considérer la formation de tous les chercheurs d’emploi comme une activité nécessitant rémunération sous forme d’un  » contrat d’évolution « .

Laurent : Encore une pirouette à la con pour sortir les chômeurs des statistiques.

Geoffrey : D’accord avec toi Laurent. Personnellement ce que je préconiserai c’est : « Un chercheur d’emploi indemnisé doit rendre un service à la communauté ». Après tout les formations peuvent se faire dans le domaine public. Le problème du travailleur indemnisé c’est que rapidement il perd ses repères sociaux, le goût au travail. Donc, il serait logique de lui demander de travailler pour la communauté quelques heures par jour, et ainsi garder un lien avec le monde du travail.

17/ Sécuriser la rupture amiable du contrat de travail.

Laurent : La rupture me semble un concept très éloigné de l’amabilité, mais ça n’avance que moi.

Geoffrey : Voilà une mesure qui va augmenter la précarité des travailleurs. Fini les CDD…

18/ Créer des agences pour les principaux services au public, et faire évaluer tout service public par des organismes indépendants.

Laurent : Mouaaaaaah ! Faire évaluer le service public par des organismes privés. Là c’est la révolution en marche et tous les fonctionnaires sont dans la rue aussitôt que cette mesure prend le plus petit sentier vers une commission de l’Assemblée Nationale.

Geoffrey : Une belle manière de jeter l’argent du contribuable par les fenêtres. Autant je suis pour que l’on fasse le ménage dans les administrations et que l’on oblige certaines personnes a travailler, autant, là c’est perdu d’avance, car le copinage avec les dites boites d’évaluation va vite se mettre en place et les résultats seront toujours les mêmes.

19/ Renforcer les régions et les intercommunalités en faisant disparaître en 10 ans l’échelon départemental.

Laurent : Eliminer la structure du département ? En observant les dégâts causés par la réforme logique de la justice par Rachida Dati, je me demande comment élever la réforme au niveau de toute la structure départementale sans causer de conflits majeurs.

Geoffrey : Là c’est faire machine arrière. On a décentralisé le maximum de pouvoir aux régions et aux départements (par exemple les nationales qui sont devenues des départementales pour être entretenues par les départements et non plus au niveau national), et voilà qu’on veut supprimer les départements ? Bon, visiblement c’est un des points que Nicolas Sarkozy a refusé tout de go !

20/ Réduire dès 2008 la part des dépenses publiques dans le PIB. Cette réduction devra atteindre 1% du PIB à partir de 2009, soit 20 milliards d’euros de réduction par rapport à la tendance, par an pendant 5 ans.

Laurent : A mon avis, c’est plutôt 5 à 10% qu’il faut réduire au niveau des dépenses publiques car 1% largement insuffisant.

Geoffrey : Et on fera comment ? Oui, tout le monde le sait depuis des années qu’il faut réduire les dépenses publiques. Et il y a a faire dans ce domaine sans même réduire les effectifs. Et c’est certainement pas en créant des dépenses supplémentaires (cf point 18) que l’on y arrivera. Commençons par se pencher sur ce qui se passe dans les hôpitaux et les cliniques.

Source des 20 décisions fondamentales pour la croissance : Les Echos

Laurent : Bref, je ne vois aucune innovation dans ces 20 décisions fondamentales. En plus, Attali clame que ces réformes sont à prendre dans un ensemble cohérent, impliquant qu’il faille toutes les mettre en place simultanément.
Les deux questions que je me pose sont :

  1. Comment mettre en place ces réformes sans conflits sociaux ?
  2. Comment financer ces réformes qui semblent coûteuses alors que les caisses sont vides ?

J’ai beaucoup de respect pour Jacques Attali qui était sans doute le mec le plus valable que Mitterrand avait autour de lui. Par contre, je trouve que sa commission relève trop de l’utopie. Mes commentaires semblent pessimistes, mais je n’ai plus d’écoute pour les effets d’annonce et les réformes rustines. Sans changement radical des mentalités, rien n’avancera.

Justement, je crois sincèrement que la France a besoin d’un bon pétage de plomb dans le style de Mai 68 pour faire évoluer les mentalités. Car ce ne sont pas 20 ou 300 « décisions fondamentales » dont la France a besoin, mais bien d’un coup de pied au cul dans les mentalités malsaines liées à la connivence et aux privilèges, ainsi qu’un changement certain dans la mentalité du citoyen par égard à bien des domaines.
Donc, je suis pour que le gouvernement mette en place ces réformes d’un seul bloc. Du coup, tout le monde va descendre dans la rue et j’espère que ça tournera à l’émeute générale pendant un certain temps car c’est vraiment cela dont à besoin ce pays. Le seul déclencheur viable est un renversement du système actuel.
Je peux paraître radical, mais c’est la simple application de certaines théories politiques dont celles de Thomas Jefferson qui me fait dire que la France est dans un tel état pitoyable qu’il n’y a que le feu et le sang qui vont bousculer les choses pour le meilleur. Renverser le cycle du retard permanent va demander largement plus qu’un paquet de réformes plus ou moins illusoires.

Geoffrey : Je partage ta conclusion. A l’heure ou l’on va fêter le quarantième anniversaire de « Mai 68″… Je pense que l’on va tout droit vers un « Mai 2008 ».

Edit  30/01/08 : j’ai publié une réflexion plus soutenue à la suite de la lecture du rapport complet.

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20 Commentaires

  1. Malaiac

    23 janvier 2008 à 11:04

    je te trouve inutilement amer sur ce coup… certaines propals
    – délai de paiement de l’Etat aux PME : les 3 ou 6 mois pour payer ont deja mis des PME à la rue
    – transfert des cotisations sociales vers la TVA = tva sociale
    – 13 : egalite de la concurrence dans la distribution, du « blabla » ?? as tu jamais étudié les impacts de la grande distribution dans le tissu économique ?
    – 17 : rupture amiable : une solution qu’on attend depuis longtemps… pour les moments, les entreprises comme les salariés rusent et contournent les textes, ce qui est stupide.
    – 19 : supprimer les départements : la France a un des records du nombre d’élus % habitants. Avec le développement des coco (communautés de communes) pour les infrastructures et des « pays » pour le développement, on a plus tellement de raison de garder les départements.

    Pour ta question 1, elle est répondue par la proposition 9 (qui équivaut effectivement à faire tomber le mensonge actuel de la représentativité des syndicats).
    Pour ta question 2, les propositions ne sont pas couteuses pour la plupart : elles ne « coutent » rien, elles changent les flux financiers/fiscaux de mouvement ou de sens (comme la tva sociale, qui fait reposer la cohésion sociale sur la consommation plutot que sur l’emploi, une mesure logique dans un pays tres touristique mais au cout de l’emploi trop élevé)

    Pour ta théorie du « grand soir », je la partage « affectivement », mais je laisse sa chance au systeme moribond 🙂

  2. Laurent Bourrelly

    23 janvier 2008 à 11:16

    Salut Mala,

    C’est clair que je suis amer et je l’étais moins en fin d’année 2007. En fait, c’est l’état de sinistrose qui me fait dévoiler de telles pensées noires car je ne vois pas comment pourront être instaurées et encore moins comment elles auront un véritable impact sur la croissance.

    D’accord avec toi pour le point 7 car la réduction du délai est impérative.
    Concernant le point 13, je dis que c’est du blabla car en une phrase pompeuse il y a trop d’équivoque. C’est utopique ou compliqué comme réforme. En tout cas, je demande à en savoir plus sur ce point.
    Pour le 17, tu crois vraiment que les employés et les employeurs vont arrêter de se foutre sur la gueule après une rupture de contrat ? Ca me paraît encore une fois utopique, à moins d’un changement radical de mentalité qu’une simple loi ou un décret ne suffira pas à élaguer.
    19) oui je crois aussi que le département est un vestige du passé. C’était sous Napoléon que les départements ont été dessinés afin que tout soit à portée d’une journée de cheval. Par contre, je ne crois pas que ceux qui sont assis sur les structures départementales vont se laisser faire.

    Pour mes questions, je laisse juste entrevoir que je suis pessimiste quand à l’application de toutes ces réformes en bloc car les récents mouvements sociaux ont prouvé que rien ne peut bouger dans ce pays sclérosé. Je t’avoue que j’aimerais de tout coeur avoir tort dans mon propos. La plus belle victoire serait de me prouver que j’ai tort et que la France est prête à se réformer pour se remettre d’aplomb.

    Edit : je viens de tomber sur cet article de Marianne qui va aussi dans le sens que je veux évoquer à propos de l’utopie de ce rapport.

  3. leo

    23 janvier 2008 à 12:15

    Salut,

    une petite chose concernant le numéro 15, je suis moi même étudiant et je peux te dire que les choses sont en train de bouger très vite de ce coté. Il y a encore 5 à 10 ans les personnes à voyager en Europe était assez rare. Avec Erasmus il est fréquent que les étudiants partent à l’étranger. Maintenant, il est clair que les étudiants partent à l’international Australie, Etats Unis, Chine, Canada … Je n’ai pas les chiffres exactes mais il me semble que plus de la moitié des étudiants de mon école partent à l’étranger pour faire un semestre d’étude ou pour travailler. Donc les mentalités sont belles et bien en train de changer car quelqu’un qui a pris l’habitude de voyager continuera à se déplacer sans problème dans l’avenir. Maintenant, l’enjeu pour cette décision serait plutot de comment faire pour que les gens ayant pris l’habitude de voyager reviennent en France après leurs déplacements.

  4. Laurent Bourrelly

    23 janvier 2008 à 12:30

    Bonjour Leo,

    Tant mieux si ça bouge ainsi. Pour ma part, je suis parti faire mes études à l’étranger en 1990 et à l’époque seules les écoles de commerce généralisaient la pratique.
    L’autre point que tu soulèves est encore plus important car il est clair qu’une fois qu’on a goûté aux attraits de l’expérience à l’étranger, il est difficile de revenir en France, surtout dans le climat actuel.

  5. Acidifié

    23 janvier 2008 à 16:19

    « 1/ Se donner les moyens pour que tout élève maîtrise avant la fin de la sixième le français, la lecture, l’écriture, le calcul, le travail de groupe, l’anglais et l’informatique. »

    Est-ce vraiment un défi ?
    Ou un faux défi… Une idée reçue que beaucoup de « jeunes » arrivent en sixième sans parler français, sans savoir écrire… Certes, à mon avis, beaucoup de jeunes écrivent mal ou font des fautes, mais dans des proportions raisonnables (et les Skyblogs ne sont pas des aperçus recevables, dans la mesure où le but n’est pas d’y écrire bien).
    Si se donner les moyens pour que dès la sixième etc. était vraiment une mesure à appliquer, je pense qu’il faudrait malheureusement faire des coupes sur les programmes qu’on a eu tendance à surcharger ces dernières années, ou alors faire travailler plus les enfants au primaire, ce qui me paraît peu raisonnable.

    « 9/ Renvoyer l’essentiel des décisions sociales à la négociation en modernisant les règles de représentativité et de financement des organisations syndicales et patronales. »

    Négociation implique que travailleurs et patrons soient au même niveau. Avec 2.000.000 de chômeurs qui attendent au portillon, c’est pas gagné : désavantage dans le rapport de force en faveur des patrons!

    « 12/ Laisser à tout salarié le libre choix de poursuivre une activité sans aucune limite d’âge en bénéficiant, à compter de 65 ans, d’une augmentation proportionnelle de sa retraite et en levant les obstacles aux cumuls emploi-retraite, et tous les dispositifs de pré-retraite. »

    Mais qui voudrait travailler après 65 ans ?

    Le 2/ et le 3/ sont les points les plus importants et les plus justes, mais aussi les plus utopiques… à l’heure actuelle, la dette semble plus importante que la croissance (car sur le terrain médiatique, chaque problème est indépendant des autres).

  6. Laurent Bourrelly

    23 janvier 2008 à 23:44

    Tu soulèves un point essentiel dans ta dernière phrase car Attali a bien spécifié que ces mesures ne pouvaient être prises unes par unes, mais plutôt dans un ensemble cohérent.
    Il me semble que cela va être impossible d’imposer 300 réformes d’un coup (je rappele que ce billet ne cite que les 20 plus importantes) ou alors je serais le premier surpris.
    En tout cas, je vais étudier de plus près de quoi il s’agit vraiment dans ce rapport car une phrase par point est trop peu pour juger et j’ai besoin de parcourir la totalité du dossier pour me valider un avis viable.

  7. fredfred

    24 janvier 2008 à 0:41

    Lecture acide mais totalement justifiée à mes yeux.

    A quel endroit, en quels termes, ont été discutés cet impératif mouvement vers l’économie de la connaissance qui sert déjà à l’UE depuis 7 ans pour justifier sa gloutonnerie financière ? Toute économie est une économie de la connaisance, du savoir, du secret de fabrication et du jus de cervelle bien exploité pour transformer quelque chose en autre chose. Attali conseille depuis 30 ans des politiques dont le temps de mise en action et la relative impunité ne sont pas compatibles avec le marché : regardez à quelle vitesse la Bibliothèque Numérique Européenne avance… et ce qu’elle produit.

  8. Geoffrey

    24 janvier 2008 à 11:29

    Bon, plutôt que de reprendre point par point le billet, j’ai édité celui-ci pour y apporter ma contribution.

    Je n’ai pas pu le faire hier, désolé… Je vous invite donc a relire le billet, et d’en rediscuter.

  9. Arlette

    29 janvier 2008 à 9:42

    Après lecture des points de la propositions Attali, j’ai la nette impression qu’il propose des ou :

    – Des solutions déjà en place : Que les enfants sachent lire et écrire en fin de 6ème… ça fait des années qu’on en parle.
    – Des solutions qui sont déjà mise en train place… : La TVA un décret est paru en 2007… Entrée en fonction le 1er janvier 2008. Mais visiblement c’est tout sauf un cadeau.
    – Des solutions qui l’a copiée ailleurs : Les eco-villes : Les Emirats Arabes Unis on dévoilé leur projet de faire une ville 100 % écologiques.

    Je serais donc curieuse de lire les plus de 300 propositions.

    Mais j’ai l’impression qu’il a pété un fusible quand je lis son discours d’introduction lors de la remise ce rapport. Il se prend pour le martyre de la France !
    Son discours publié dans L’express

  10. Laurent Bourrelly

    29 janvier 2008 à 9:56

    Ben oui, ce rapport semble être un réchauffé condensé de diverses mesures qui sont passées à la trappe dans le passé.
    Encore une fois, les politiques ne s’attaquent pas au fondement du problème, mais plutôt à des rustines.
    L’application de bloc de ces réformes ne vont pas libérer directement la croissance. Par contre, les effets de bord peuvent être bénéfiques si tout le monde pête les plombs.

    Adicie reviendra sur ces réformes dès que j’aurais lu la totalité du rapport car on se masturbe sur 20 phrases insuffisantes. D’ailleurs, voici le rapport complet pour ceux que ça intéresse http://www.lefigaro.fr/assets/pdf/attali.pdf

    Attali est vraiment sur la défensive comme ton lien L’Express le prouve. J’ai aussi lu ses réactions aux diverses critiques et c’est plutôt violent.

  11. PICON BIERE

    29 janvier 2008 à 12:28

    Excellent! LOL!
    Cet article m’a vraiment bien fait marrer. Je plante le décors.

    D’un côté, un ancien homme d’état, avec un CV qui ressemble à celui de Jose Garcia dans son mariage dans « la vérité si je mens ». Cet homme d’état, haut fonctionnaire, écrivain, professeur, ingénieur philosophe (sans doute lui qui inspira Eric dans la tour montparnasse infernale) réunit un collège d’experts politiques, sociaux, économiques, philosophiques de tous les horizons politiques.
    Cette joyeuse équipe travaille à fond, va rencontrer des gens sur le terrain pour éviter le risque d’un « débat d’experts » décorrellé de la réalité, rencontre les comissions des finances, la cour des comptes, les élus locaux, les responsables syndicaux etc.

    Ils nous pondent un rapport énorme, où chaque proposition a été réfléchie, chiffrée, débattue dans tous les sens.

    En face : 2 poilus qui commentent un article de presse (vous avez déjà vu Thierry Roland faire des commentaires sans voir le match?).
    Et bim, voilà que je te défonce une proposition en une phrase, genre : « Laurent : Des avantages pour travailler à partir de 65 ans ? On ne commence pas à être un peu fatigué à cet âge là ? ». La vérité est ptete un peu plus compliquée que ça, surtout que même fatigué, il faut quand même bouffer.
    Et le pire, c’est qu’après ils arrivent a nous sortir juste après : « En tout cas, je demande à en savoir plus sur ce point. » XD. Fallait ptete commencer par là…
    Cet article, c’est : PMU de Mezon 16H08 : « 2 Picon-Bière José ».

  12. Goeffrey

    29 janvier 2008 à 14:19

    @Picon bière : La critique est aisée mais l’art est difficile ! « Proverbe de Philippe Néricault Destouches »

    Je maintiens tous mes propos sur les commentaires de Laurent. Je n’ai pas pour habitude de parler dans le vide, mais je me fonde toujours sur mon expérience.

    Je trouve regrettable que vous vous portiez une critique sans apporter une quelconque preuve.
    Si le blog vous dérange : Tant mieux ! Il est fait pour ça !

    Vous avez semble-t-il lu le rapport Attali et vous le trouvez bien : Apportez-nous donc votre éclairage

  13. Malaiac

    29 janvier 2008 à 17:27

    commentaire chèvre et chou : je suis partiellement d’accord avec Laurent (certaines critiques sont un peu légères… 😉 ) et avec Picon (rappelle toi quand meme qu’Attali fait partie de ces cerveaux qui nous pondent depuis 30 ans des projets et des grandes idées dont la capacité de nuisance à l’égard des gens normaux n’a d’égale que leur infaisabilité pratique)

  14. Laurent Bourrelly

    29 janvier 2008 à 19:37

    Bah, je sais exactement d’où vient Picon Bière 😉
    Je signale mon billet chez M. Attali himself à 10:00 et quelqu’un rapplique 2h30 plus tard pour nous rentrer dans le lard. Trop évident pour ne pas savoir que c’est le fan club du maître qui se manifeste.

    En plus, les critiques qui viennent d’un anonyme devraient aller directement à la poubelle, mais je laisse celle là car elle a motivé la publication de mon dernier billet https://www.adicie.com/archives/113

  15. PICON BIERE

    30 janvier 2008 à 15:36

    Héhé les absents ont toujours tort 🙂
    C vrai que je me suis un peu emporté, mais l’article m’avait vraiment impressionné, je l’ai vu ultra négatif et désabusé.
    En effet, j’ai trouvé le lien dans les commentaires de l’article « un oiseau sur une branche » de Mr Attali. Pour répondre à ta question, Laurent, je ne fais pas spécialement partie du fan-club de Mr. Attali, je l’ai trouvé en zonant sur la toile et j’y ai écris un post sous le pseudo J1M il y a qq jours.
    C’est un post de même nature : je disais (comme ici) que j’étais impressionné par le défaitisme et l’acidité omniprésente en France, à mon avis plus la cause de la situation actuelle que quelconque caste ou rente de situation. Je ne sais pas si vous percevez comme moi la chape de plomb que ca fait peser sur le débat! J’ai l’impression qu’en France, pour être sérieux, il faut être désabusé et ironique (genre : ouais ouais, moi je sais comment ca marche …, sourires d’initiés…).
    Je suis très heureux de votre réaction à mon post, on va pouvoir discuter sérieusement de ce rapport!
    A très vite, et … 2 Picon Bière (ma boisson favorite), José!

  16. Laurent Bourrelly

    31 janvier 2008 à 9:55

    Salut PICON BIERE,

    Je ne te reproche pas la critique, car elle est nécessaire. C’est juste l’anonymat qui me dérange, mais bon nous sommes sur Internet…

    Tu as tout à fait raison concernant la « chape de plomb ». J’ai vraiment changé d’avis en lisant la totalité du rapport, car ce ne sont pas les mesures que je vise (bien sûr, tout peut se discuter), mais bel et bien le manque de mode d’emploi pour l’application des réformes. La Commission Attali fait une passe au président et à son gouvernement et basta !
    Comme je dis dans mon autre billet, c’est vraiment pas cool de la part d’Attali qui sait parfaitement qu’il est impossible d’imposer 314 réformes sans passer par la voie législative et encore moins de les laisser intactes.
    Bref, c’est ce rapport est un joli catalogue des freins de la croissance, mais n’est pas applicable.
    Dommage !

  17. FrédéricLN

    25 mars 2008 à 15:28

    Merci de m’avoir resignalé ce billet sur le top 20.

    Je serais un peu moins pessimiste, notamment sur la 9 et la 11.

    La 9 : il suffirait de faire relever les syndicats salariaux et patronaux de la loi 1901 pour faire un grand bond vers la transparence et une gouvernance démocratique. Et faire dépendre la représentativité syndicale, des élections de délégués du personnel, est une idée suffisamment simple et juste pour pouvoir passer, à mon avis.

    La 11 : non, une augmentation de TVA ne demande pas d’accord de Bruxelles. On pourrait passer demain à 25% (taux le plus élevé constaté dans l’UE). L’inflation allemande a été de 2,8% en 2007 (contre 2% les années précédentes), après une hausse de 3 points de la TVA au 1er janvier 2007.

    Je ne suis pas un fan de la TVA (l’éco-taxe me semble bien plus prometteuse, ou une taxe sur les produits selon leurs dommages sur la santé, DSK avait évoqué quelque chose de ce genre), mais la TVA ne mérite pas l’indignation qu’avait suscité l’annonce Fillon.

  18. Laurent Bourrelly

    25 mars 2008 à 15:55

    Je n’ai pas du tout suivi le débat sur l’éco-taxe. Est-ce que tu pourrais m’en dire plus ou me faire pointer vers une source ?

  19. FrédéricLN

    25 mars 2008 à 18:39

    Ça va être de mémoire : les estimations convergent (de Verts très verts comme Yves Cochet, à la campagne Sarkozy en 2007) sur l’ordre de grandeur de 2 points de PIB à ajouter à la « taxe carbone » (ou plus généralement écotaxe) pour que l’activité industrielle et humaine devienne neutre pour l’environnement. En clair, concrétiser le principe « pollueur-payeur ».

    Pour respecter les situations passées (choix de voiture, d’équipements, fondés sur les prix passés), l’augmentation ne peut être que progressive, sur environ 10 ans, comme le proposait en particulier François Bayrou.

    Le rapport Attali s’engage très très peu dans ce sens, mais donne l’exemple de l’actuelle TGAP, dont les niveaux sont ridicules par rapport aux dommages environnementaux.

    2 points de PIB (32 milliards) c’est à peu près l’équivalent des 5 points de hausse de TVA qu’avait envisagés François Fillon.

  20. Laurent Bourrelly

    25 mars 2008 à 19:25

    Ah oui en effet ça me paraît être une option viable. Je suis tout à fait d’accord avec le principe et reste à voir si c’est une taxe qui s’ajouterait aux autres ou permettrait d’alléger certaines (pourquoi pas la TVA).

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