Acceuil France La Sarkologie : le discours et la méthode du style Sarkozy

La Sarkologie : le discours et la méthode du style Sarkozy

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Le président Sarkozy ne laisse pas indifférent. Le rythme qu’il imprime à la vie publique dénote particulièrement avec celui de ses prédécesseurs. Le président impose un mode d’exercice du pouvoir tout à fait particulier. Quelles sont les clés pour comprendre Sarkozy ? Comment faut-il analyser ce discours et cette méthode d’un genre nouveau ? Quelles sont les limites du style Sarkozy ?

Les principales caractéristiques qui définissent le style Sarkozy sont, par ordre décroissant : dynamisme, modernité et décontraction. Un sondage du Figaro (oui je sais il s’agit d’un journal « de droite ») indique des éléments intéressant à propos de la perception des Français par rapport à leur président. Dans ce sondage, une faible majorité de Français qualifient l’attitude du président de « tape à l’œil », tandis que d’autres l’ont affublé du surnom « bling bling » ; comme par exemple BlogApart ou même Le Pen qui a inventé ce qualificatif de « bling bling ». D’innombrables blogs et sites d’actualité se font un malin plaisir à ironiser sur le style Sarkozy comme ce diaporama de 20minutes.fr . Tout cela me fait vaguement sourire pendant cinq minutes, mais j’ai quand même pour habitude de passer outre les apparences et tenter d’analyser un peu plus en profondeur les phénomènes, surtout aussi radicaux que ceux qui sont imposés par le président.
Son surnom d’omniprésident, que j’utilise parfois, est tout aussi symptomatique du regard qui est porté sur lui. Sa manière de monopoliser les médias est singulière, mais s’explique du point de vue stratégique. En fait, la vie du président est mise en scène. Il y a une sorte de storytelling qui s’accorde parfaitement à la manière actuelle d’appréhender les flux modernes de communication. Le « toujours en mouvement » figure le style Sarkozy. Nous voyons le président en compagnie des marins pêcheurs, des ouvriers d’Airbus, des cheminots. L’omniprésident occupe le terrain ; il est sur tous les fronts sans aucun répit. Je me demande même comment certains ont trouvé un trou dans son agenda pour qu’il se marie secrètement avec sa nouvelle compagne.
Je note, parmi les singularités les plus remarquables du storytelling présidentiel : il n’y a plus de prestige de la fonction comme l’entendaient De Gaulle ou Mitterrand, la peopolisation de la politique, la fascination pour l’ostentatoire, le dévoilement de la vie privée, etc.
Le concept le plus important de la Sarkologie suggère que l’image est le message. En apparence, chez le président, transparaît un côté rock star, mais aussi manager d’entreprise. Cependant, cette image va beaucoup plus loin que les apparences.

La communication selon Sarkozy

C’est une évidence qu’il existe une rupture drastique dans le style et la manière de communiquer par rapport à ses prédécesseurs. Ce que je remarque de plus évident c’est la rencontre des citoyens au lieu des institutions ou des corps sociaux. Le président affectionne de rencontrer des inconnus afin de s’intéresser frontalement à leurs problèmes. La raison de cette stratégie est simple puisque le dialogue privé avec des inconnus nous permet de s’identifier à ce citoyen lambda. Ainsi, nous pensons qu’il est infiniment proche de nos préoccupations.
Giscard l’a fait avant lui sans succès, mais l’époque s’y prêtait moins. Certains médias se sont d’ailleurs empressés d’émettre un parralèle entre Giscard et Sarkozy.
Depuis l’avènement de la TV réalité, la société est différente et l’inconnu qui obtient son quart d’heure de célébrité est monnaie courante. Sarkozy joue habilement sur cette évolution de nos mœurs. Tout comme notre manière de surfer sur Internet ou zapper les chaînes de TV, nous avalons une information de flux variés, courts et éphémères.
Jouant sur notre manière moderne d’appréhender l’actualité, Sarkozy allie le geste, le symbole, l’image forte avec des formats ultracourts. Désormais, le geste fort signifie l’action. Il « spéctacularise » l’événement. De plus, il joue habilement la carte de la proximité comme j’ai évoqué plus haut.
J’admire cette maîtrise contemporaine de la communication par séquence. La gestion du rythme et des séquences selon celui de nos habitudes est admirable. C’est bien sûr basé sur notre manière d’utiliser le médian télévisuel, mais aussi Internet.
Cependant, aujourd’hui, il y a un hocquet dans les séquences et les messages. Ce qui me paraissait limpide durant la campagne comporte désormais un brouillage narratif qui crée l’incertitude. Par exemple, son « oui » à la question sur l’arrêt des 35 heures lors de la conférence de presse de la rentrée s’oppose au retournement du lendemain devant les parlementaires où le gouvernement veut seulement « aller beaucoup plus loin dans la réforme des 35 heures ». Bien sûr, le point de déception le plus important réside dans les déclarations liées au pouvoir d’achat, mais j’y reviendrai plus loin.
Finalement, le concept prépondérant dans cette manière d’opérer inclut l’avènement d’une désacralisation de la fonction présidentielle.

Désacralisation de la fonction présidentielle

La société évolue, invoquant des changements à tous les niveaux, même parmi la fonction suprême de l’Etat. Le président a voulu, en partie, rompre avec les traditions et surtout cette idée que le président vivait sur une autre planète. La différence la plus évidente se situe au niveau de la vie privée. Nous suivons pas-à-pas tous les faits et gestes de Nicolas Sarkozy, y compris ses histoires de cœur. Le contre-exemple le plus évident et le plus récent de cette évolution concerne Mitterrand et le secret de sa seconde famille cachée, ainsi que ses innombrables maîtresses. Le secret associé à la fonction présidentielle imposait que les médias se taisent, même s’ils étaient parfaitement au courant. Désormais, cette perception est différente.
Il reste tout de même des standards comme les vœux du 31décembre ou la conférence de presse début janvier. Le cérémonial associé à la présidence n’est pas totalement bouleversé. C’est vraiment au niveau de la vie privée que se situent les différences les plus visibles.
À mon avis, cela complique plutôt la fonction présidentielle, mais l’avenir nous dira si Sarkozy va imposer un nouveau mode de fonctionnement, s’il va s’astreindre à reprendre les bonnes vieilles habitudes ou s’il restera comme un illuminé parmi tous les présidents de France.
En tout cas, il est compliqué de faire évoluer la majesté de l’institution. C’est loin d’être évident à accomplir et les soucis récurrents du concerné en témoignent. Par contre les Français ne semblent pas hostiles à l’idée que la fonction présidentielle doit être désacralisé. C’est déjà un grand pas dans un pays où la monarchie a disparu depuis des siècles, mais la façon dont le peuple perçoit le président se rapproche complètement de ces vestiges du passé.

Les talents de la Sarkologie

Même ses détracteurs les plus féroces ne peuvent nier certaines qualités au président. En premier lieu, il est déterminé comme personne d’autre avant lui. Il veut porter les changements car il n’y a pas de fatalité à l’échec. Il a fait un excellent diagnostic de la société française. Durant la campagne, il posait des questions fondamentales et il pouvait y répondre avec assurance.
Sarkozy répond directement et franchement. C’est un style extrêmement séduisant qui a séduit les Français et les médias. Ce style franc et simpliste (dans les bons sens du terme) est compréhensible par tous, mais il est surtout convaincant. Peu importe que Sarkozy plaise ou énerve, le plus important est qu’il ne laisse pas indifférent.
Un talent que j’admire chez lui est la stratégie totalement innovante de captation du rythme médiatique. Le gigantesque espace médiatique n’est pas trop vaste pour Sarkozy qui sait parfaitement l’occuper. Il y a une réverbération permanente qui lui permet d’occuper le terrain de manière inédite.
Sur un autre plan, il est possible de ne pas être d’accord avec certains points de sa politique, mais il est impossible de tout renier en bloc.
Son talent le plus remarquable concerne la mise en scène. Grâce à ses affirmations convaincantes, il semble que la question adressée est réglée. Évidemment, cette technique se retourne actuellement contre lui car les Français s’impatientent. Les critiques les plus faciles évoquent que la stratégie Sarkozy tient uniquement dans la communication et rien dans l’action. François Hollande va même invoquer l’hypocrisie. Concernant la Sarkologie, il est possible de trouver des opposants qui voient seulement du négatif, mais ce n’est pas la bonne attitude. Je pense que c’est logique de lancer de telles attaques, mais le temps et les difficultés jouent contre les promesses du candidat Sarkozy. Il a insufflé l’idée que tout était possible maintenant, mais seulement après huit mois de mandat présidentiel, il est demandé des comptes qui ne sont pas au rendez-vous.

Le tempo de l’annonce et le temps de la réalisation

Le souci crucial du langage Sarkozy implique que nous pensons qu’il était capable de solutionner les problèmes fondamentaux au plus vite. Cela relève de l’utopie, mais il est tellement convaincant que nous l’avons cru.
Depuis quelques décennies, il existe une perte du pouvoir de l’individu. Le Français ressent qu’il n’a plus de prise sur son destin. Son destin a filé au profit de l’Etat, puis de l’Europe et ensuite de la mondialisation. Sarkozy a dit qu’il allait prouver que sa politique pourrait encore servir à quelque chose. Il quitte le président arbitre et distant pour agir comment jamais personne n’a agi avant lui. Sa méthode de communication permet d’expliquer parfaitement les enjeux et surtout de laisser paraître qu’il est possible d’y répondre.
Cependant, l’opinion publique ne pardonne pas les promesses en l’air et ne comprend pas que la tâche n’est pas aussi simple que le message de Sarkozy a laissé paraître.
Par exemple, la façon dont il a traité récemment la question essentielle du pouvoir d’achat est maladroite. Lors de la conférence de presse de la rentrée de janvier, il dit « Que voulez-vous que je fasse, les caisses sont vides ». Il s’était posé comme le candidat du pouvoir d’achat et tout le monde demande des comptes aujourd’hui, après huit mois de mandat. Seulement, le président est élu seulement depuis 8 mois alors que le problème du pouvoir d’achat est chronique depuis plus de trente ans. C’est impossible de résoudre un tel problème si rapidement, mais sa manière d’adresser le problème comme s’il était déjà réglé lui a joué des tours.
En analysant les faits, il a répondu à l’urgence (exonération des heures supplémentaires, monétisation des RTT, etc.), mais n’a pas résolu le problème de fond. D’ailleurs, le problème de fond ne se résoudra sûrement pas lors de son premier mandat, mais peut-être durant un éventuel second quinquennat.
En général, avant 2 ans, il n’y a pas de résultats probants pour les promesses de campagne. En attendant, il faut capter l’attention et occuper le terrain. Sarkozy fait parfaitement cette occupation du terrain médiatique, mais la latence du tempo entre l’annonce et la réalisation joue en sa défaveur.

Les risques et limites de la méthode Sarkozy

La surexposition comporte des risques. Au demeurant, nous assistons à une contradiction entre image et discours. Par exemple, voir un président heureux est néfaste. Dans le subconscient des Français, parler de son bonheur pour un président suggère qu’il s’intéresse un peu moins au bonheur des citoyens. Les Français veulent sans doute un président de crise plutôt qu’un président fêtard.
Sa sincérité et sa spontanéité jouent parfois des tours comme dans le cadre du « oui » à l’arrêt des 35h qui est démenti le lendemain. Le « oui » était sincère, mais pouvait être interprété de diverses manières qui pouvaient se retourner contre son intention.
Actuellement, nombreux sont ceux qui ont voté pour lui et qui commencent à êtres déçus, impatients, voire en colère. Les Français ont pensé élire un homme d’action et ils perçoivent l’image d’un narcissique qui ne fait que parler sans agir.
Au départ, Sarkozy clamait être au service des Français puisqu’il était comme eux, mais avec un destin extraordinaire. Il apparaissait convaincu et déterminé, mais, le doute apparaît maintenant sur les chances d’y arriver.
C’est dommage car je ne pense pas qu’il y eût meilleur candidat que lui afin de réformer le pays et redresser le désastre en cours. Son message convaincant commence à se retourner contre lui seulement parce qu’il n’est pas capable des miracles que les citoyens attendaient de lui. Il faut se rappeler ses promesses sur le pouvoir d’achat, sur l’aspiration à la sécurité, sur la mondialisation. Il a émis l’idée que tout est possible et c’est peut-être son tort. Quoi que sans ce discours, je ne pense pas qu’il eût gagné l’élection présidentielle.
Avec le temps, il est possible que tout le monde réalise qu’il ait tout de même accompli un redressement inattendu, mais pour l’instant le Français ne remarque aucun changement notable dans son quotidien. Je crois qu’il est tout simplement trop tôt pour exiger un bilan et deux années me semblent un minimum pour observer des résultats.
Une autre limite de la méthode Sarkozy suggère que, à force de communiquer à outrance, tout le monde pense qu’il orchestre absolument tout. C’est pourtant absurde de penser que tout ce qu’il fait est de l’ordre de la stratégie politique et médiatique. Même son droit à tomber amoureux est mis en doute. J’ai été le premier à évoquer le concept de la diversion quand l’apparition de Carla Bruni à Eurodisney a éclipsé les dommages de la visite de Kadhafi, mais nous lui enlevons son droit à l’émotion et à la singularité. Finalement, nous avons tort de croire qu’il n’est que « machine à communiquer de l’image » car sa franchise ne peut se démentir et son émotion non plus. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a que spontanéité dans ses actions, mais il ne faut pas non plus lui enlever son droit à l’émotion.
Le dernier point que je souhaite aborder concerne le décalage entre l’image d’omniprésident et la réalité. Étant donné la surmédiatisation du président, il semble qu’il n’y ait que lui qui prenne des décisions et qui travaille. Cela aussi est absurde. Il y a des ministres et un gouvernement qui travaillent autour du président, mais n’est pas visualisable. Car l’omniprésident monopolise l’image et envoie des signaux qui sont en contradiction avec la réalité.

Pour conclure rapidement, il y a une nécessité pour Sarkozy de réconcilier l’image, les paillettes, le paraître et une ambition politique qui renvoie à la morale.
Le piège se referme sur lui car ses promesses semblaient envisager des solutions rapides qui sont impossibles à mettre en œuvre. Je ne crois pas que la politique du président soit du pipeau, même s’il s’est trop engagé dans des promesses difficiles à tenir immédiatement.
Quant à sa manière de révolutionner l’image du président, je crois que c’est tout à fait en corrélation avec l’époque. Le changement est drastique, voire choquant, mais la fonction présidentielle doit se mettre au diapason de notre temps.
Bref, donnons encore un peu de temps au président afin de réussir ses projets. Après seulement huit mois de fonction, il est aberrant de vouloir observer des changements radicaux, surtout avec tous les facteurs bloquants et ralentissants qu’il rencontre.
Je peux paraître favorable à la politique du président, mais j’assure qu’il n’en est rien. Me considérant neutre, je lui donne le bénéfice du doute et surtout je peux attendre de voir s’il obtient des résultats sur le fond plutôt que des rustines et des effets d’annonce.
Par contre, alors que je conclus ce billet, je me dis que je suis loin d’avoir fait le tour de la Sarkologie et je m’en remets à la discussion dans les commentaires pour que nous allions plus loin.

Dans un prochain billet, je vais aborder la politique de civilisation selon Edgar Morin car le président l’a émis comme concept fondamental de sa politique et ce n’est pas anodin. En tout cas, il y a beaucoup à dire sur le sujet.

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11 Commentaires

  1. Jack

    18 janvier 2008 à 16:39

    Bonjour,
    J’apprécie beaucoup votre neutralité sur ce sujet, mais il me semble que vous avez oublié les évènements sociaux de l’automne dernier et leur incidence sur la suite de l’actualité politique des prochains mois.
    Pour répondre à une soit-disant demande des Français, notre président s’est empressé de supprimer les régimes spéciaux de certains personnels de la fonction publique. Si nous analysons à postériori l’effet économique de ces réformes que constatons nous objectivement ? Que réduire les avantages de certains ne donne pas du pouvoir d’achat aux autres, ce qui pourtant, était éspéré et présenté comme tel. Grave désillution, car ces « pseudo privilèges » n’étaient en fait que des broutilles en termes économiques.  N’aurait-il pas été mieux  inspiré, notre président, de s’attaquer à des dossiers plus efficaces pour répondre à la demande de nos concitoyens, comme le pouvoir d’achat dont il faut maintenant s’inquiéter, mais un peu tard. L’état de grâce est passé pour prendre des mesures utiles. Ceux qui l’ont forcé à faire ces réformes automnales ne l’ont-il pas manipulé  pour le mettre dans le pétrin où il est aujourd’hui?
    Autre maladresse, co-latérale, si je puis dire : les personnels concernés se souviendront longtemps de cet automne 2007. Quelle sera leur attitude lors d’évènements graves, comme en 1999 par exemple, où la France aura besoin de ces gens -là ? Et même sans aller jusqu’à cette extrémité, quelle sera l’attitude des 4 millions de fonctionnaires qui attendent une revalorisation de leurs salaires refusée, dans leur attitude quotidienne, face à des citoyens à 70% opposés à leur statut ?
    Qu’on le veuille ou non, nous dépendons tous d’une organisation, qui a ses défauts et ses qualités, mais qui un jour ou l’autre sera utile à notre président, et donc à la France, qui devra pouvoir compter sur cette force actuellement si riche en compétences.
    Cela me rappelle l’attitude des bourgeois, à une certaine époque, qui traitaient le petit personnel avec mépris. Aujourd’hui,  ces métiers ont disparu. Sommes-nous prêts à nous passer de la fonction publique ? « Si l’essence est trp chère : prenez votre vélo » a dit une ministre récemment. Peut-être est-ce le commencement de cette ère nouvelle.
    Nul n’est prophète en son pays, c’est bien connu, mais les Anglais et les Chinois , pour ne citer qu’eux, savent le reconnaître, avec le nucléaire par exemple. Pendant ce temps-là, chez nous nous démobilisons les énergies de nos ingénieurs et des personnels, au nom d’une idéologie inadaptée.  
    Je  crois notre président  fort dépourvu de cet appui, lorsque le besoin s’en fera sentir. Le fruit trop mur tombera de lui même, le moment venu. Quel dommage pour la France qui mérite mieux que cela.
    Mais je veux rester un observateur neutre et j’arrête donc ici mon discours.
    Au plaisir de lire votre prochain article.
    JL

  2. Laurent Bourrelly

    19 janvier 2008 à 1:43

    Je comprends la frustration à propos des effets négligeables de certaines réformes, mais je crois qu’il s’agissait plutôt de marquer la voie à emprunter plutôt qu’à véritablement retourner la situation.
    De plus, il fallait bien commencer quelque part et les fonctionnaires sont une cible facile pour s’attirer l’affection du peuple qui voit toujours les membres de la fonction publique comme une caste de privilégiés.
    Je n’ai pas oublié les mouvements sociaux, mais mon analyse est plutôt d’ordre générale. Partir sur les diverses réformes m’entraînerait vers l’écriture d’un livre plutôt qu’un billet de blog. Je n’ai aucun talent pour écrire un livre entier et reste un humble blogueur qui déblatére sa prose chez lui.

  3. Geoffrey

    19 janvier 2008 à 12:11

    Bon, j’ai pris mon temps pour répondre… Je vais tenter de faire synthétique…

    – Oui il occupe le devant de la scène. Par rapport à ses prédécesseurs il a un taux de présence dans les médias de + 450 %…
    – Pour ce qui est de sa vie privée : Cela ne me choque pas qu’il s’affiche avec sa nouvelle compagne. C’est un homme encore jeune, célibataire, quoi de plus normal qu’il soit amoureux. Et je trouve tout a fait normal qu’il s’affiche avec elle. Au moins cela évite a devoir l’épier pour connaitre la conquête du moment. Même, si cela ne se fini pas par un mariage, et que dans 6 mois il change de partenaire et après ? Que le premier homme (ou femme) qui n’a pas eu une vie sentimentale mouvementée lui jette la première pierre. Dans cette histoire ce qui me dérange c’est l’épluchage qui est fait de la vie privée de Carla. Mais restons dans le sujet.
    – Oui, je suis d’accord avec toi Laurent ce n’est pas sur 8 mois que l’on peut jurer de l’efficacité de sa manière de gouverner. Mais… Il faut aussi être réaliste et voir comment cela se passe.
    – D’abord c’est lui qui impose les lois. Dans le sens ou il dit par exemple : « Je supprime la pub sur les chaines publiques » et après, c’est aux députés et sénateurs de pondre la loi qui va bien.
    – Pour ce qui est du pouvoir d’achat : Cela a été son leitmotiv dans sa campagne. Il est normal que les français attendent donc ce qu’il va faire pour l’augmenter. Première piste : Travailler plus pour gagner plus. Ok, je suis d’accord avec lui. Il met en place une politique d’exonération de charges et d’imposition sur les revenus pour les heures supplémentaires. Puis juste après dit : « Bon les syndicats et les patrons mettez vous d’accord pour faire sauter les 35 heures sinon c’est moi qui légifèrerait ». Conclusion : Le temps hebdomadaire de travail va augmenter aux alentours des 40 heures. Et là, hop les heures supplémentaires passent à la trappe (avec les avantages qui vont avec).
    – Autre chose : Il dit : « La franchise sur les boites de médicaments j’avais dit dans ma campagne que je le mettrais en place ». Ok, il l’a fait. On peut dire : « Il fait ce qu’il a dit »…

    Mais là encore, il oublie de dire que la loi 2008 de finances de la Sécurité sociale exclut le remboursement des franchises dans le cadre des « contrats responsables » par les mutuelles et des complémentaires santé. Qui sont la quasi totalité des contrats.

    – Pour en revenir au pouvoir d’achat : Il n’y a pas 50 solutions. Il faut qu’au final les français est la possibilité d’acheter plus. Or, même si tu travailles plus, donc salaire un peu plus important, mais que parallèlement on t’oblige à débourser plus, par le biais de ta participation sur les boites de médicaments, par les taxes que l’on va imposer aux FAI, aux opérateurs de téléphones portables, aux vendeurs d’ordinateurs, en augmentant de 25 % le coût du contrôle technique, en imposant une taxe en fonction du taux de CO2 de ta voiture, sans parler du prix de l’essence… Désolé, mais si tu augmentes les charges dans la même proportion que les recettes = Bénéfice 0.

    Pour ce qui est des fonctionnaires et des privilèges : Là, je suis d’accord avec lui. Il n’y a aucune raison que les fonctionnaires travaillent 37.5 ans pour avoir une retraite, alors que dans le privé il faudrait travailler 42 ans. Donc, je trouve normal que l’on soit tous à la même enseigne. Mais par soucis d’égalité, il faudrait que lorsqu’on augmente le SMIC, on devrait imposer le même taux d’augmentation à tous les salariés et même ceux du public. Car une augmentation de 0.1 % par an pour les fonctionnaires, bientôt certaines catégories vont se retrouver au SMIC ! Tu me diras, au moins, tous les 6 mois ils auront une augmentation !

    Je suis d’accord avec Jack quand une ministre dit : « L’essence est trop chère = prenez le vélo » c’est du foutage de gueule. Elle a qu’à donner l’exemple ! Pourquoi ne pas dire aussi : « Si vous voulez pas payer 50 €/an pour les médicaments, vous n’avez qu’à pas être malade ».

    Moi je veux bien payer mais comme tu le fais remarquer dans un autre billet :
    « Un jour, il faudra commencer à respecter l’argent public que le contribuable se fait suer à générer pour mettre sa part dans le bon fonctionnement du pays. »
    https://www.adicie.com/archives/100

    Alors, voilà ce que j’attend aujourd’hui de lui. Mettre les comptes sur la table, et qu’il m’explique pourquoi les caisses sont vides. Car il y a beaucoup à dire sur le gaspillage des fonds publics. Par exemple (tu me diras que c’est une goutte d’eau, mais enfin cela démontre qu’il ne va pas trop dans le sens de respecter l’argent du contribuable)… La notation des ministres. Que je sache les ministres sont des agents de l’état. Donc, l’appréciation doit se faire par leurs pairs ! Et non par un cabinet d’audit externe que l’on va payer à prix d’or !

    Mais je m’aperçois que dans le billet précédemment cité, tu fais ce que les 52 % de non satisfaits font : « A savoir tu t’indignes sur son comportement ». Là, tu nous dit pas : « Attendons , laissons lui le temps » 😉 …

    Oui, la France va mal, c’est l’accumulation de plusieurs années de mauvaise gestion… Toutefois, il faut comprendre le ras le bol des français chaque fois qu’on leur dit : « Ok, pour que cela ailles mieux vous aller payer plus ». Il arrive un moment ou pour le français moyen les caisses sont vides aussi ! On va donc tous se retrouver au RMI, et là on réclamera encore et toujours des aides. Il ira ponctionner qui à ce moment là ?

  4. Laurent Bourrelly

    19 janvier 2008 à 15:10

    La conclusion qui me vient à l’esprit est que la France est dans un état encore plus déséspéré que je pense.
    Les réformes à 2 balles que tu évoques ne sont que des rustines que le gouvernement a tenté maladroitement de mettre en place afin de mettre en route le mouvement, mais le problème est tellement enraciné qu’il faut un bulldozer et pas une rustine pour bouger le tout.
    Magré toutes les intentions que je puisse lui porter, il ne faut pas oublier que Sarko est un politicien avec tous les défauts que cela sous-entend. Mon billet dont tu parles en est la parfaite illustration.
    D’un côté, il existe toute une panoplie de bonnes intentions qui légitime un programme, mais de l’autre il demeure la même hypocrise et l’éternel abus.

    Je suis aussi d’accord qu’il faille mettre à plat les comptes et ne plus rien cacher, même si c’est dur à avaler.

  5. Geoffrey

    19 janvier 2008 à 17:36

    C’est là que quelque part je suis un peu déçu. Je ne voulais pas de rustines, je pensais sincèrement au départ qu’il était le seul à dire en arrivant (ou quelques semaines après) :

    « Voilà la situation telle que je l’ai trouvée en arrivant Maintenant on se remonte les manches, il faudra serrer les dents pendant quelques mois, voire années… Mais on va faire en sorte de se sortir de cette misère. Et pour y arriver, voici ce que je pense être le mieux pour tous »… Et tous les trois mois (au lieu de noter mes ministre), je vous donnerez l’avancée des travaux.

    Les discours c’est bien, les actions c’est mieux ! Parce que mettre en avant le « bouclier fiscal » alors qu’il existait déjà… C’est prendre les gens pour des cons !

    Au moins dans 5 ans il pourrait dire : Voilà le bilan quand je suis arrivé, et voilà le bilan maintenant = A vous de juger. Mais pour juger faudrait que l’on prenne les mêmes références au début et à la fin. Et non pas : « Le chômage a baissé de 2 % » mais se baser sur des calculs foireux du style :

    – Le gouvernement d’avant tenait compte des chômeurs indemnisés et moi je les prends pas dans mon calcul, mais je le dis à personne ! Comme cela le taux baisse.

    Pareil pour nous faire croire que le nombre de morts par accident de voiture a baisser ! Avant il suffisait que tu meures à la suite de l’accident (même si c’était 1 mois après de soins), maintenant ne sont comptabilisés que les morts dans les 48 h de l’accident. Si tu décèdes 3 jours après, et bien tu n’es pas pris en compte dans les stats !

    Si on expliquait clairement aux français : « On est dans la merde » donc il faut trouver des solutions pour s’en sortir, je pense que les mesures passeraient mieux. Mais surtout, il faudrait qu’elles impliquent tout le monde. Et non pas qu’une catégorie de personnes.

    C’est pour cela que je suis d’accord avec lui sur un point : L’espérance de vie est de plus en plus importante. Donc, on devra payer les retraités pendant environ 20 ans au lieu de 10 auparavant = Conclusion : Travaillons plus longtemps, surtout qu’une personne à 60 ans est maintenant plus alerte qu’il y a 10 ou 20 ans… Mais, ceci pour tout le monde ! Pas de raison que les fonctionnaires ou autres professions soient privilégiés.

    Et avant que l’on me sorte : Oui mais il y a des travaux pénibles, je répond : Dans ce cas, tu fais ton job pendant 10 ou 20 ans et on met en place une mesure de recyclage pour que tu finisses ta carrière dans un métier moins pénible.

    Il faut que les français comprennent que c’est fini le temps de faire carrière pendant 40 ans sur le même poste. La mobilité, même au sein d’une même boite, c’est bénéfique pour tout le le monde. L’employeur et l’employé !

  6. Laurent Bourrelly

    19 janvier 2008 à 18:01

    Pour reprendre une théorie de Thomas Jefferson, il faudrait que ça pête afin d’éviter les dérives d’un système et remonter la pente en cas de crise.
    Tant que le système mis en place est outrageusement avantageux pour ceux qui en profitent, il ne pourra y avoir de changements fondamentaux. Il ne faut pas se voiler la face, ce sont les connivences et les privilèges qui ont provoqué le désastre français. Pendant que nos voisins accumulaient des réformes depuis 20 ans, nous vivions sur des acquis utopiques.
    D’un point de vue théorique, je ne vois que le changement radical de mentalité causé par une guerre ou une révolution, mais en tout cas un renouvellement des « factions » (terme employé par Jefferson).
    Ensuite, je me penche actuellement sur la politique de civilisation d’Egdar Morin, que je ne connaissais pas, car Sarkozy veut calquer sa politique sur cette théorie, mais d’après le peu que j’ai lu pour l’instant, ça ne pourra jamais résoudre rapidement les problèmes.
    La finalité est de revoir une France prospère où les citoyens se sentent bien. Les moyens sont une modification des mentalités étatiques et citoyennes, ainsi que se mettre au boulot. Comment mettre en place les moyens semble être la question, mais ça patauge pour y répondre …

  7. Geoffrey

    19 janvier 2008 à 19:49

    Ca y est ! On va finir par se mettre d’accord 🙂

    C’est évident que c’est lorsque tu es au fond de la piscine, que tu n’as plus qu’une solution : « Remonter à la surface »…

  8. Laurent Bourrelly

    19 janvier 2008 à 21:58

    Il s’agit juste de donner un bon élan au fond de la piscine pour remonter comme un bouchon, sinon tu peux patauger dans tous les sens comme un canard boîteux et même te noyer. 🙂
    Pendant des années, nous avons occulté le désastre en cours. C’est Coluche qui disait « le coq est l’emblème de la France car c’est le seul animal capable de chanter quand il a les pieds dans la merde ». Maintenant que nous avons les dents du fond qui baignent dans la merde, tout le monde s’agite.

  9. Yagaï

    6 mars 2008 à 21:03

    le style Sarko , est la determination, la sureté ; mais surtout talantiste, pour sarkosy , le talent prime dans les relations, et que la methode est le maître mot de tout aventure

  10. Laurent Bourrelly

    7 mars 2008 à 3:16

    Et la langue de bois, il sait également très bien pratiquer.
    Mais bon, c’est un homme politique donc la langue de bois vient avec la fonction.

  11. Le Sarkozy nouveau est arrivé

    14 mars 2008 à 17:20

    […] un air d’influence chiraquienne s’il n’en faut. Dans un précédent billet qui traitait de la Sarkologie, je m’interrogeais sur les singularités de la méthode Sarkzoy. Je pensais que la fonction […]

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