Acceuil Finance Le casino de la finance

Le casino de la finance

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Aujourd’hui, une nouvelle vient encore fracasser le monde de la finance. Il s’agit du Credit Suisse qui vient d’entamer son résultat net de 2,85 milliards de dollars.
Les gars, il faudrait peut-être commencer d’arrêter de jouer à la roulette ?

Malgré des résultats positifs, ce sont des « erreurs commises par un petit nombre de courtiers « qui ont engendré la décision de déprécier 2,85 milliards de $ d’actifs.
Cependant, le Credit Suisse n’est pas en danger puisque le bénéfice net annuel pour 2007 s’élève à 5,34 milliards d’ € .
Mais tout de même, cela fait un sacré paquet à éponger que la banque impute à l’évolution négative des marchés. En gros, il y a la moitié des bénéfices de l’année passée à mettre en berne puisque quelques courtiers l’ont joué « à la Jérôme Kerviel » .

C’est assez fou d’observer comment nous sommes arrivés à relativiser de telles sommes. Hop quelques milliards disparus par ici et quelques autres par là. Bof, ce n’est pas grave car il en reste des tonnes à créer virtuellement par ailleurs.

Ben si c’est grave ! Je ne vais pas encore jouer les prophètes du malaise financier actuel, mais les enchaînements récents de catastrophes financières présagent tout de même que le problème est latent. Je ne suis absolument pas un spécialiste, mais du petit bout de ma lorgnette, ça sent mauvais.

Repartons sur les fondamentaux pour voir comment est façonné ce système. C’est plutôt simple et compliqué à la fois car le principe de base permet de capitaliser sur des anticipations de mouvements financiers. Par exemple, sur le Forex, on achète des devises à un prix sur la bourse d’un pays pour les revendre sur la bourse d’un autre pays, en espérant que la fluctuation entre les cours des deux bourses aura permis de dégager une commission. La facette qui complique concerne ces fameuses fluctuations qui sont sujettes à de multiples influences. En tout cas, le principe est simple, mais la technique est compliquée et rien n’est gagné d’avance. C’est exactement comme le poker dont les règles prennent cinq minutes à comprendre, mais il faut tout une vie pour maîtriser la stratégie.

Je suis joueur de poker ( tiens, j’en profite pour faire un lien vers mon site poker et celui poker de mon pote Jé ! ), donc je n’ai rien contre le principe du jeu de hasard. Par contre, il faut arrêter de prendre les vessies pour des lanternes. Le boursicotage à toutes les échelles s’apparente à du jeu de hasard. Même si la part de hasard est diminuée grâce à la stratégie et la méthode, il ne fait aucun doute que le système financier mondial est un vaste jeu de roulette. Certains parlent même de roulette russe ! Je n’irais pas jusque-là car ma petite expérience du poker me permet d’affirmer qu’il est tout à fait possible de gagner sur le long terme à certains jeux de casino, et au poker en particulier. Ce n’est pas pour rien qu’il y a autant de joueurs professionnels de poker, tout comme il y a autant de professionnels de la finance. Par contre, la banqueroute est tout à fait possible pour le plus grand champion de poker, tout comme c’est possible pour la Société Générale ou le Credit Suisse. Les 20 ou 30 % de hasard qu’il reste à gérer pour un excellent joueur de poker sont tout de même un large pourcentage d’éléments incontrôlables (je simplifie car il y a une quantité d’autres éléments à prendre en compte en finance tout comme au poker). Si le joueur ou trader gère bien son bankroll, il pourra survivre aux lourdes pertes, mais la catastrophe guette s’il flambe ou part « en tilt » ( terme issu du poker qui qualifie un joueur qui ne se contrôle plus et prend des risques inconcevables).
Jerôme Kerviel et les courtiers du Credit Suisse sont simplement partis « en tilt » comme nous dirions autour d’une table de poker.
Le joueur professionnel peut également connaître une période de  » bad beats « , c’est-à-dire que rien ne vient comme d’habitude. Un bon joueur doit savoir gérer ces périodes plus ou moins longues, mais dans la finance c’est plus simple car ils explosent tous les compteurs et perdent leur job. Au final, c’est peu de chose puisqu’il s’agit d’une grosse ligne à marquer au fer rouge sur le bilan et gérer la mauvaise presse, mais le cirque continue !

Sauf que ces « gamblers » de la finance ne jouent pas leur propre argent. C’est un deuxième gros souci que j’ai avec tout ce système. Non seulement ils jouent à un jeu de hasard sous des appellations détournées, mais en plus ils utilisent de l’argent qui n’est pas à eux. Dans le monde du poker, un « backer » est quelqu’un qui va avancer les frais d’inscription à un tournoi. Sauf qu’en poker, le « backer » perçoit 50 % des gains. Bien sûr, dans la finance, ils sont beaucoup plus malins car celui qui prête l’argent reçoit des commissions infimes par rapport aux profits engendrés avec son argent.

Pour finir, c’est évident, dans mon esprit, que si j’ai de l’argent à placer, je vais financer un champion de poker plutôt que d’investir sur le Forex ou tout autre place financière. Comme beaucoup, j’ai des petits placements à longs termes coincés dans le système, mais pour un vrai retour en capitalisant de la même manière que les requins de la finance le font, je n’hésiterai pas une seconde à placer ma mise sur une table de jeu plutôt que sur les marchés financiers. Prêtez-moi quelques millions pour voir quel massacre un champion tel que Daniel Negreanu pourrait faire sur le circuit international de poker. Sur ces millions, je vais toucher 50 % et je défie n’importe quel trader de me proposer un tel retour sur investissement. N’allez pas me dire que le risque est plus grand de confier mon argent à un champion de poker plutôt qu’à un banquier car c’est faux.
La morale de cette histoire est que le monde de la finance se prend vraiment pour ce qu’ils ne sont pas. Les casinos et les joueurs possèdent une réputation qu’ils ne méritent pas.

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12 Commentaires

  1. Susan Kishner

    19 février 2008 à 17:10

    I found your site on technorati and read a few of your other posts. Keep up the good work. I just added your RSS feed to my Google News Reader. Looking forward to reading more from you.

    Susan Kishner

  2. Laurent Bourrelly

    19 février 2008 à 17:28

    Susan, ouais ouais tu as trouvé mon site sur Technorati et tu le trouves intéressant ! Viens plutôt me dire en français que tu veux un lien et que tu viens me spammer.
    C’est comme la finance, je déteste les hypocrites du backlink…

    Allez, pour le sport, je te laisse ton lien tant convoité.

  3. Goeffrey

    20 février 2008 à 15:08

    XPDR ! Laurent tu aurais du lui répondre en anglais… Il va pas comprendre ton message 🙁

    Je sens que je vais me remettre au poker moi ! J’avais appris dans ma prime jeunesse les règles, mais il va falloir que je révise, histoire de te plumer un peu 😉

  4. Laurent Bourrelly

    20 février 2008 à 17:22

    Héhé sauf que la variante du poker à la mode n’est plus le 5 cartes fermés d’antan.
    Prochaine fois que je passe, je ne vais pas oublier les cartes et jetons !

  5. Acidifié

    21 février 2008 à 22:13

    ( tiens, j’en profite pour faire un lien vers mon site poker et celui poker de mon pote Jé ! )

    Ha ha j’en étais sûr :p

  6. Laurent Bourrelly

    22 février 2008 à 10:25

    Les vieux réflexes du métier ne se perdent pas … 🙂

  7. Hedge funds : attention danger !

    8 avril 2008 à 14:03

    […] montrent qu’un grand coup de pied dans la fourmilière est nécessaire. Je persiste à dire que la finance est un casino, mais je ne vois pas du tout le moindre indice en vue concernant un éventuel remaniement du […]

  8. La grande arnaque du pétrole

    25 juin 2008 à 1:59

    […] qui peut l’être du désastre des sub-primes. Encore une fois, je pointe vers mon billet sur le casino de la finance. C’est quand même dingue qu’un pauvre naze de bloggueur comme moi peut y voir clair dans cette […]

  9. Pascal

    13 octobre 2009 à 20:35

    Il y a beaucoup de similiarites entre les jeux de casinos et la finance. Par example la finance moderne est basee elle-meme sur la theorie mathematique de la probabilite, qui emane de Blaise Pascal en 1654. Ce dernier avait en effet developpe un modele pour resoudre un probleme de jeu de cartes incluant des paris d’argent. Neanmoins de nos jours la finance a bien meilleure reputation que le poker, c’est bien triste.

  10. Pierre

    13 octobre 2009 à 20:40

    Oui tous ces financiers pretentieux ne sont que des parieurs souvent sans talent. Alors que certains joueurs de poker professionels ont un talent inoui quant a eux.

  11. Annette Obrestad

    13 octobre 2009 à 20:43

    Je ne vous le fais pas dire.

  12. Caroumna

    30 décembre 2009 à 9:59

    Héhé les vieux réflexes du métier 🙂 Moi aussi j’ai de vieux réflexes… Et j’en profite pour donner l’adresse de mon site qui décortique les techniques des casinos (et par similitude de la finance ??? héhé) :

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