Acceuil Culture Simone Veil : La femme qui restera dans l’Histoire de France

Simone Veil : La femme qui restera dans l’Histoire de France

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Tout le monde connait bien sûr Simone Veil. Dès que l’on prononce son nom, on pense à la loi qui légalise l’avortement en France. Personnage charismatique, qui semble avoir traversé le siècle d’une façon tranquille mais ferme. Mais qu’elle a été sa vie ? Comment peut-on arriver a une telle popularité, dans un monde ou les hommes sont omniprésents ? Comment a-t-elle pu s’imposer sans faire de vague ?

Simone Veil Pour éviter qu’un pseudo écrivain s’accapare de sa vie pour en faire un livre, Simone Veil a accepté enfin de publier sa biographie. Une vie raconte sa vie ! Sans concession avec elle même, avec beaucoup de recul, elle n’épargne personne (mais elle) dans le bon comme dans le mauvais.

Dans la première partie elle raconte son enfance, sa jeunesse jusqu’à son arrestation et la déportation. C’est un passage qui sans dévoiler, ni vouloir s’apitoyer sur son sor, puisqu’elle ose dire qu’elle a été une « privilégiée » par rapport autres personnes qui ont subit le même sort. Sans ménagement, elle rappelle que la France a été un des pays les moins touché par la déportation, mais insiste sur le fait que les Tsiganes ont aussi payé un lourd tribu. Juive de confession mais non pratiquante, elle ne renie à aucun moment sa religion.

Libérée, elle reprend ses études pour devenir avocat. Mariée, mère de famille, son mari s’oppose à ce qu’elle travaille. Avec détermination, elle arrive a trouvé un compromis et devient donc magistrat. C’est ainsi que sa carrière politique va débuter quelques années après.

Simone Veil n’a adhéré à un parti politique qu’elles années plus tard, et que pendant une courte période. C’est une femme qui a fait de la politique non pas pour des idées bien arrêtées, mais dans le sens de travailler pour le bien des Français. On le comprend facilement en lisant un passage marquant dans ce livre. En 1974, alors qu’elle aurait aimé que Jacques Chaban Delmas passe le premier tour des présidentielles, elle pense s’abstenir au second tour qui met face à face Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterand. Son plus jeune fils qui n’avait pas l’âge de voter (vu qu’il avait seulement 20 ans et qu’à l’époque il fallait avoir 21 ans pour voter), lui dit alors :

« Pour quelqu’un qui prétend avoir des idées, je ne te comprends pas. S’il y a bien une chose qu’on ne doit jamais faire dans une élection c’est de s’abstenir. Choisis celui des deux qui te convient le mieux, élimine celui qui ne te convient pas du tout, mais vote ». (p 173).

Cette phrase à la lecture du livre, résume un peu tout son parcours. Chaque fois qu’elle a du prendre des décisions, elle a toujours appliqué ce même conseil : « Choisir ce qui lui correspondait le mieux ».

Dans son récit, Simone Veil n’est tendre avec aucun homme politique. Elle sait dire : « Oui ce jour là il a été formidable » et quelques pages après « Ce jour il a été infect ». Vous ne lirez donc pas une adoration sans borne à un personne. C’est avec beaucoup de recul qu’elles jugent les évènements. Tout le monde n’est pas entièrement noir, ou blanc, chacun a quelquefois dérapé, mais aussi apporté beaucoup, et c’est son regard sur les évènements qu’elle nous livre.

Un autre passage qu’il faut souligner, c’est qu’elle a été a l’origine de la loi « anti-tabac ». Ministre de la santé à l’époque, elle est interpelé par les médecins qui lui disent qu’il y a une corrélation entre le cancer et le tabac. Elle commence donc a se pencher sur le problème. Et pour être en adéquation avec son programme, quand une personne lui fait remarquer que pour donner une leçon il montrer l’exemple, elle en prend conscience et s’arrête donc de fumer.

De sa carrière en qualité de Président du parlement Européen, elle raconte sans ménagement le gaspillage, sa vision de l’élargissement de l’Europe à 25 pays aujourd’hui qui n’est pas une réussite. A l’époque ou il n’y avait que 9 pays le problème de l’immigration se faisait déjà sentir par la prise en charge des immigrants. Je cite :

« Dès lors que les taux de chômage demeurent élevés et les conditions de travail précaires, on ne peut pas empêcher les gens de comparer leur propre sort à celui des immigrés. Les femmes qui travaillent à mi-temps et élèvent des enfants se trouvent parfois dans des situations plus difficiles que certaines personnes venues de l’étranger et prises en charge par l’Etat à cent pour cent. Il s’agit là de situations difficilement supportables pour ceux qui les subissent, et prétendre que ce sont les discours de Jean-Marie Le Pen qui ont crée de tels problèmes relève d’un raisonnement simpliste. » p 245

Présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, cette fondation vient en aide aux auteurs de livres, films ou manifestations qui s’investissent pour que l’histoire soit respectée, mais surtout pas oubliée. Elle s’insurge contre les livres ou par exemple contre le film : « La vie est belle » avec Roberto Benigni qui ne reflète en rien la réalité. Aucun enfant n’a été laissé à ses parents. Aujourd’hui, elle est présidente d’honneur de cette fondation.

En annexe vous trouverez entre autre, son discours prononcé à l’Assemblée nationale, pour l’adoption d’une loi légiférant l’avortement ! Après un tel discours, on peut se poser la question : Comment certains députés ont-ils pu voter contre ?

Ce que l’on peut apprécier dans son parcours, c’est d’une part que chaque fois qu’elle s’est engagée dans une voix elle a su s’entourer de personnes compétentes pour l’aider. Par exemple, lorsqu’elle a été nommée Ministre de la Santé, elle avoue humblement qu’elle n’y connaissait rien dans le domaine, donc elle a fait appel à des personnes plus compétentes, et c’est investi pour écouter tous les acteurs, et se faire sa propre opinion.

D’autre part, son parcours n’est pas celui d’une féministe. Elle le dit : « Etre une femme a des avantages », même si elle reconnait que c’est parfois difficile elle ne revendique pas le titre de « Madame la Ministre ».. Le féminin d’un titre n’existe pas : Pas de problème, elle utilise le mot au masculin.

Si vous souhaitez lire des secrets d’alcôves, inutile de lire le livre. Par contre, si vous avez envie de comprendre ce personnage hors du commun alors : Oui, je vous recommande ce livre.

En conclusion je citerai une autre de ses phrases : « Au fond, tout au long de ma vie, j’ai eu la chance de pouvoir m’investir à ouvrir des brèches dans le conformisme ambiant, de mettre en convergence les phénomènes de société et les cadrages juridiques. (p 261) »

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7 Commentaires

  1. Laurent Bourrelly

    6 février 2008 à 23:01

    Avec la loi sur IVG de Simone Veil c’est aussi une date importante qui apparaît puisque c’est la dernière fois qu’une loi a autorisé quelque chose. Depuis 1974, l’Etat n’a fait qu’interdire…

    En tout cas, Mme Veil impose le respect pour son imposant parcours politique et personnel.

  2. Dominique Hasselmann

    18 février 2008 à 11:41

    On peut souligner que, malgré son engagement politique auprès de Nicolas Sarkozy durant la campagne électorale présidentielle, Simone Veil a su, après la soirée du Crif mercredi 13 février, se démarquer de la proposition irresponsable faite par le président de la République concernant l’enseignement de la Shoah aux enfants de CM2.

    Elle a ainsi montré à l’occupant actuel de l’Elysée qu’on ne jouait pas avec la mémoire histroique pour masquer une impopularité grandissante, et que la vie des enfants de 10-11 ans n’était pas une partie de colin-maillard avec le souvenir des camps d’extermination.

  3. Olitax

    18 février 2008 à 12:10

    Coucou,

    En effet cette femme est formidable, j’ai regardé quelques vidéos d’elle sur youtube & Dailymotion elle n’a pas la langue dans sa poche.

    Bizzar que au lycée et collège nous n’avons pas parlé d’elle…

    Olitax

  4. Arlette

    18 février 2008 à 13:56

    Je ne suis pas une fan des biographies ! En général je ne les lis pas 🙁

    Mais là, peut-être parce que je suis une femme qui a suivit le parcours politique de Simone Veil, j’ai eu vraiment envie de livre son livre. Et j’avoue que j’ai été agréablement surprise,car elle parle sans concession.

    Dominique : Elle dit pourquoi elle a soutenu Nicolas Sarkozy dans son livre. Et j’avoue que j’ai attendu avec beaucoup de frissons sa position sur les enfants et l’éducation de la SHOAH. Et sa réponse correspond bien à ce que j’ai lu.

    @Olitax, on ne te parle pas d’elle au lycée vu qu’elle est encore de ce monde. D’où mon titre : « Une femme qui restera dans l’Histoire de France » (sauf, si dans les années à venir on opte pour ce que raconte Georges Orwell dans 1984, le ministère de la vérité ! C’est à dire que l’on refait en permanence l’histoire. 🙁 Mais bon, je veux pas y croire !

    @Laurent : Quand je lis que l’on octroie le statut d’enfant né à des foetus à partir de 22 semaines d’aménorrhée, cela me fait froid dans le dos… Et je me dis que l’on est pas loin de la suppression de la « Loi Veil »… Parce que pourquoi 22 semaines ??? Le prochain procès sera de 21semaines et ainsi de suite !

  5. Dominique Hasselmann

    18 février 2008 à 14:09

    Oui,emporté par l’élan, je n’ai pas écrit correctement « historique », mais un peu plus j’aurais écrit « hystérique » !

    On se demande pourquoi le grand Chef ne revient pas sur la suppression de la peine de mort (un bon sujet démagogique qui pourrait lui permettre de remonter la pente des sondages), ne réinvente pas le travail dans les mines pour les enfants de moins de 12 ans (il faut creuser plus pour gagner plus), n’interdit pas le vote aux femmes et carrément la voiture sur les routes au lieu de faire réinstaller 500 radars par an pendant cinq ans.

    Il faut « réviser » tout ça.

    Réécouter Régis Debray, dimanche dernier sur France 5 : heureusement qu’il nous reste quelques penseurs de cette envergure !

    http://www.france5.fr/ripostes/

  6. Arlette

    18 février 2008 à 14:28

    @Dominique : J’ai visité ton blog… J’ai bien aimé 😉

    Merci pour le lien sur l’émission « Ripostes », j’aime bien cette émission mais Adicie et d’autres sites me prennent tout mon temps 🙁 J’arrive à la voir de temps en temps, mais là je vais prendre le temps de la visionner 😉

    J’aime bien tes interventions. Mais bon, supprimer le droit de vote aux femmes ! Là, il va entendre parler de moi s’il va jusque là ! Moi qui par respect pour toutes les femmes qui se sont battues pour l’avoir, vote à chaque fois que l’on me demande de mon avis…. Grrrr ! Je me mets en grève (de la faim, ça me permettra de faire le régime 🙂 )….

    Et voilà, je cours après le temps, j’ai une dizaine de livres en entente de lecture, et tu m’invites en lire un autre ! Tu n’as pas un truc pour que les journées fassent 48 h ? Bon, je note, mon prochain achat littéraire sera celui de Régis Debray 😉

  7. Dominique Hasselmann

    14 avril 2012 à 10:45

    Quand je disais, à l’époque (février 2008 !) que Sarkozy pourrait aussi supprimer le droit de vote des femmes, c’était évidemment une pure fiction : je pense que c’est irréversible, donc aucune crainte à avoir de ce côté-là.

    En revanche, voir la dernière proposition de François Hollande : remboursement à 100% de l’IVG, entre autres mesures « hospitalières », voilà une proposition qui indique où est vraiment la démarche progressiste (dans la lignée de Simone Veil, justement) et à la fille Le Pen, avec ses vues rétrogrades sur le sujet, qu’elle peut aller se rhabiller !

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