Acceuil Culture Julien Gracq : L’auteur qui aimait les livres !

Julien Gracq : L’auteur qui aimait les livres !

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En recherchant sur Google « Le journal d’une femme de Chambre » d’Octave Mirbeau, j’ai trouvé en premier le résultat de Google Book. En cliquant sur le lien, vous avez la version intégrale du livre. Mais lorsqu’on est lecteur, peut-on livre un livre sur son écran ? Je doute !

Et là, je me suis dit qu’il était temps que je vous parle de l’écrivain qui aimait les livres ! Julien Gracq, de son vrai nom Louis Poirier, né au début du siècle dernier, a enseigné l’histoire. En 1951, il obtient le prestigieux prix Goncourt pour son roman : « Le rivage des syrtes ». Il refuse ce prix. C’est le seul écrivain qui a refusé cette distinction. L’année précédente il avait publié un pamphlet sur les critiques et les prix littéraires.

Pour obtenir un prix, il faut en premier lieu que votre ouvrage soit édité dans les temps. Généralement en septembre. Ne publiez pas en Janvier vous n’aurez aucune chance. Or, un livre, c’est le bouche à oreilles qui va faire son succès. Pourquoi un critique littéraire aurait la science infuse et donc son avis serait-il si important au point de fare la pluie et le beau temps ? Chacun ses goûts.

Sa philosophie d’auteur était qu’un livre n’est pas seulement un objet. Cela doit être une découverte, un voyage. Le livre devait se mériter, se découvrir page après page, se savourer. Pour cette raison il exigeait que pour toutes ses publications les pages ne soient pas découpées. Après l’acquisition d’un livre de Julien Gracq, vous deviez être muni d’un coupe-papier pour désolidariser les pages au fur et à mesure de la lecture. Pour mémoire autrefois tous les livres étaient vendus sous cette forme.

Ne cherchez pas non plus un livre de Julien Gracq en format de poche ! Cela n’existe pas ! L’auteur a toujours refusé que ces oeuvres soient banalisées.

Caprice de star ? Non, amoureux des livres et respectueux de ses lecteurs.Julien Gracq a toujours fui les journalistes, les critiques littéraires, les honneurs. Il recevait ses lecteurs dans son village natal. Il a toujours été fidèle à son éditeur José Corti. Une petite maison d’édition peu connue du public. Et pourtant son « Prix Goncourt » a été vendu a 110 000 exemplaires la première année, et 170 000 exemplaires la seconde année.

Julien Gracq est un écrivain d’exception. Il est le seul a avoir ses écrits publiés dans la Pléiade de son vivant. LaPléiade est une bibliothèque créée par la Nouvelle Revue Française en 1931, qui publie les « chefs d’oeuvre de la littérature » pour garder la pérénité des oeuvres, dans une collection d’exception. Pour être publié dans la Pléiade il faut que l’auteur (mais surtout ses écrits) soit reconnu par le public, comme un « Grand écrivain ». Ce qu’André Malraux considérait comme  » bibliothèque de l’admiration ».

Offrir un livre de Julien Gracq à un amoureux de la littérature est le plus beau des cadeaux que vous pouvez faire.

Laissez tomber toutes les biographies insipides qui se vendent à grand coup de publicités, le dernier roman de l’écrivain à la mode, prenez le temps de fouiller chez un libraire (oui celui chez qui lorsque vous entrez dans sa boutique sort de l’arrière boutique qui ressemble plus à un capharnaüm qu’au rayon de la FNAC), discutez avec votre bibliothécaire favori et parlez-leur de Julien Gracq ! S’il vous répond : « Je connais pas », passez votre chemin, ce n’est qu’un vendeur.

Pour en revenir à mon introduction, j’espère ne jamais voir sur Google, un livre de Julien Gracq en intégralité sur ce moteur. L’écrivain se retournerait dans sa tombe, et ce ne serait pas lui faire hommage !

Julien Gracq a légué tous ses manuscrits à la Bibliothèque Nationale de France (BNF) par testament.

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11 Commentaires

  1. Acidifié

    4 février 2008 à 20:30

    Pourquoi donc, un livre ne serait qu’écrit et il ne serait pas possible de se cultiver, quand on ne peut se permettre d’acheter un livre (qui n’est d’ailleurs pas édité en Poche, Julien Gracq n’aimant que les livres chers) ?

  2. Arlette

    5 février 2008 à 8:59

    « Pourquoi donc, un livre ne serait qu’écrit  » : Là je ne comprend pas ce que tu as voulu dire. Un livre c’est normalement écrit ?

    La réponse d’une amoureuse des livres 😉 :

    Un livre c’est objet qui tu sais qui va te faire rêver, t’évader. C’est à la limite de l’objet de collection. Tu le gardes pour le relire, éventuellement pour le prêter. Mais surtout tu désires lire la version intégrale. Une collection de poche, tu as moins l’impression d’avoir dans tes mains une oeuvre. Et je regrette le temps ou les livres neufs il fallait découper les pages au fur et à mesure. Pour moi, il s’agit moralement d’un respect pour l’auteur que de l’acheter en livre traditionnel.

    Le livre de poche a été créé en 1953 pour vulgariser l’accès à la culture. Enfin, c’est plutôt une opération commerciale. Cela a démocratiser le livre, au même titre que la parution en cassettes vidéo, et maintenant DVD des films.

    Mais comme un vrai amateur de films va te dire qu’il vaut mieux voir le film en salle que sur un DVD, les amateurs de livres te diront qu’il vaut mieux un vrai livre qu’une édition de poche.

    Non cela n’empêche pas l’accès à la culture, car depuis longtemps il existe des bibliothèques ou pour quelques euros tu peux emprunter des livres toute une année. Donc, si tu n’as pas les moyens, tu as toujours cette possibilité. D’ailleurs moi, j’ai découvert les grands auteurs grâce à cela dans ma prime jeunesse !

    Julien Gracq n’aimait pas que les livres chers ! Il a été professeur toute sa vie, et donc c’est par passion qu’il écrivait, et non pour faire bouillir sa marmite comme certains auteurs d’aujourd’hui que dès la publication de leur premier livre qui devient connu, arrêtent tout pour ne vivre que de leurs écrits. Au risque de se voir contraint par leur éditeur à une publication par an. Et généralement la qualité va baisser au fil des temps 🙁

    J’ai des livres de poche dans ma bibliothèque, par exemple : Un secret de Philippe Grimbert. Mais c’est ma faute, je l’ai pas acheté assez tôt, et depuis le volume est épuisé. Après l’avoir lu, je peux te dire que je regrette amèrement de l’avoir loupé. Oui, c’est peut être ridicule à tes yeux, mais un livre pour moi ce n’est pas uniquement un objet. D’autant qu’il n’est pas indiqué : « Version intégrale », donc c’est une version raccourcie. Cela se sent !

    Difficile de te faire comprendre la différence, vu que je ne suis pas écrivain, mais j’espère toutefois que tu arriveras à saisir les nuances 😉

    Si l’on voulait vulgariser la culture, on publierait les livres scolaires ou techniques en format de poche non ?

    Je t’invite à lire un livre de Julien Gracq, tu comprendras qu’il est un auteur qui passera le temps au même titre qu’un Victor Hugo.

    Pour ce qui est de lire un livre sur Google, j’aimerai trouver un internaute qui y est déjà arrivé.

  3. Serge

    5 février 2008 à 15:19

    Oula, je ne savais pas que les histoires des livres de poches étaient des versions raccourcies, comment cela se peut-il ?

    Sinon moi ne suis un lecteur mais pas du tout un littéraire, je lis pour l’histoire pas pour le reste et les livres de poche sont bien plus pratique à mon goût.
    Quant aux livres à découpé j’en ai jamais vu.

    Serge

  4. Arlette

    5 février 2008 à 16:33

    Les livres de poche, généralement tu le vois sur les « éditions J’ai Lu » : Il est indiqué : « Version Intégrale » 😉

    Pour les livres dont il fallait découper les pages au fur et à mesure, je conçois que tu ne l’ai jamais vu. Moi, je l’ai connu dans ma prime jeunesse, et cela commençait à disparaitre… Donc un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaitre 🙁

    Mais si tu fouines sur des étalages qui vendent des vieux livres, tu les reconnaitras facilement : Ce sont des livres qui ont un papier assez assez jauni, et dont la couverture n’est pas du papier glacé. De cet aspect 😉

    Mais je respecte, le livre de poche c’est bien aussi. Ca permet a beaucoup de gens de lire dans les transports en commun, ça se met dans le sac facilement…

  5. Laurent Bourrelly

    5 février 2008 à 21:31

    Moi non plus je ne savais absolument pas que les livres de poche étaient tronqués. Ca m’en fout un coup de savoir que j’ai loupé un morceau des nombreux ouvrages que j’ai lu en format « poche ».
    Cela dit, c’est clair que c’est super pratique.
    Quant aux livres aux pages à découper, il me semble en avoir eu quelques uns dans ma jeunesse (même si j’ai « seulement » 38 ans). Par contre, il me semble bien que le papier était blanc immaculé. Mais je peux me tromper car ça remonte à loin.

  6. Berlol

    5 avril 2008 à 9:19

    Juste pour signaler que le Goncourt refusé de Gracq, c’était en 1951, et non en 1937, ce qui fait déjà une bonne différence (une guerre mondiale…).

  7. Laurent Bourrelly

    5 avril 2008 à 9:43

    Ah oui c’est une coquille car si vous suivez le lien vers la page Goncourt sur le site d’Arlette, il y a la bonne date. Je vais corriger ça.

  8. Berlol

    5 avril 2008 à 11:33

    Merci d’avoir rectifié ! L’histoire littéraire vous en sait gré. (C’est le problème des coquilles qui sont ensuite répétées dans le web, puis prises pour vérité, sans vérif., par des élèves et des étudiants… Vous voyez le problème, après 50 ou 60 ans de pages web…)

  9. Laurent Bourrelly

    5 avril 2008 à 11:39

    Hum je crois que les coquilles ne sont pas que l’apanage des blogs et des pages Web puisque la presse traditionnelle et parfois les livres sont aussi coupables de véhiculer des informations érronées.
    En fait, les gens ont la fâcheuse tendance de croire ce qui est écrit noir sur blanc 😉

  10. Arlette

    5 avril 2008 à 15:55

    Hou là ! Mais il faut que j’arrête les grass-mat’ moi 🙂 …

    Merci Bertol d’avoir lu avec pertinence le billet. Effectivement il s’agissait d’une coquille. Heureusement que Laurent a été plus matinal que moi.

    Cela me fait plaisir que tu es remarqué (et souligné) l’erreur, car ça prouve que tu connais bien Juilien Gracq.

    Je te rejoins sur ton analyse : Il faut être vigilant sur ce que l’on dit, car cela est repris comme vérité. J’ai été confronté à ce problème sur un autre billet, ou une personne vient me sortir des « poncifs » qui trainent sur Internet, alors que je dis le contraire me basant sur mon expérience et les témoignages de médecins. Mais on préfère croire ce qui est dit sur le Web, plutôt d’essayer justement d’aller chercher la vérité ailleurs.

    Ta pertinence te fait gagner un lien vers ton blog 😉 …

  11. HollyJim

    15 octobre 2009 à 8:15

    Plus d’un an après la mise en ligne de cet article, j’ajoute ma pierre à l’édifice en signalant que les parisiens peuvent acheter les livres de Julien Gracq à moitié prix chez l’éditeur José Corti. La librairie possède en effet un rayon livres défraichis en très bon état. Et ce sont bien sûr des livres à couper. Ma découverte des livres de Gracq remonte à loin et lors de la mise en ligne de mon propre site, j’ai mis en exergue une phrase tirée du Château d’Argol. Je voulais faire une rubrique de phrases marquantes. Pour l’instant il n’y en a que deux, celle de Gracq est donc toujours visible et sans doute pour longtemps encore. D’ailleurs, la nouvelle citation (phrase qui tue) est tirée de Nosferatu, film que Julien Gracq aimait beaucoup.

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